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À l'Ouest du nouveau



Dossier réalisé par / Matthieu Chauveau, Julie Haméon, Matthieu Stricot  * Photo / © Celia Petersen Publié dans le magazine Kostar n°93 - décembre 2024-janvier 2025


Le grand Ouest est toujours une terre propice aux artistes émergents. À l’occasion des Trans Musicales, Kostar présente à nouveau 20 formations de musiques actuelles. Des artistes auxquels on croit, programmés au festival rennais, ou pas. En Bretagne et Pays de la Loire… suivez nos coups de projecteurs sur 20 jeunes projets musicaux prometteurs.



Pamela

La symphonie des machines

© Guillaume Menard

Complètement pistonnés, les Pamela. Pour ses premiers concerts, le tout nouveau groupe nantais s’offrait – rien que ça – les premières parties de l’ouragan Zaho de Sagazan au VIP, à Saint-Nazaire, en février 2024. On n’est jamais mieux servi que par soi-même, nous répondrait sans doute Pierre Cheguillaume, réalisateur musical de la Nazairienne, qui officie aussi derrière les machines dans Pamela. Et il aurait tort de se priver, puisqu’avec son ex-compère au sein d’Inüit, Simon Quénéa (également compagnon de route de Zaho – c’est un petit monde !) et l’ex-Von Pariahs Sam Sprent (qu’on retrouve dans notre autre coup de cœur de cette rentrée Swirls), il fait des étincelles. Pamela, c’est, à l’heure où on écrit ces lignes, un seul morceau dévoilé : le jouissif Focused, dans lequel Sam se plaint (non sans une certaine ironie) avec le chant heurté qu’on lui connaît, comme à bout de souffle et pourtant puissant, de rester québlo sur une fille dont il est semble-t-il très amoureux. Hypnotique, sans esbroufe, l’electro-rock de Pamela nous rappelle les grandes heures de LCD Soundsystem. Et c’est un sacré compliment. MC

Les Trans Musicales, Liberté, 5 décembre ; La Maroquinerie, Paris, 20 mars.instagram.com/pamelatheband


Mac & Wester

Chauds les masques

© Paulography

Les deux lurons se connaissent depuis l'enfance. Férus d'artistes tels que The Glitch Mob, Gesaffelsetin, Mike Dean ou encore Justice, ils décident de s'attaquer à leur tour à la scène en lançant leur duo Mac & Wester, en 2021. Un cocktail de batterie électronique et synthétiseurs, pour une electronica à la saveur frenchtouch débordante d'énergie. À partir de 2022, la formation enchaîne plusieurs dates et séjours en résidence, notamment au 4Bis, à Rennes, qui leur permet de faire leurs armes aux côtés de leur ingé son et de leur ingé lumière. 2024 marque un tournant. Outre leur prestation au festival I'm From Rennes, ils sont remarqués par les Trans Musicales. « Notre résidence de trois jours à l'Ubu nous a permis d'élever notre live et d'un cran », confie Wester. Après la tournée des Trans, le duo s'apprête à balancer un show flambant neuf au Parc expo. Comme un rêve de gamin pour les deux artistes qui ne se séparent jamais de leurs tenues confectionnées par leur styliste, Tawny, ni de leurs masques intrigants. « Il nous permettent d'entrer en transe et de nous rendre anonymes, afin que le public se focalise sur la musique », assure Mac. On peut compter sur eux pour enflammer la Greenroom dès l'ouverture ! MS

Les Trans Musicales, Greenroom, 7 décembre. Sortie du single Burnme, le 22 novembre. 


oda.

Plein Phare

© Samuel Corbin

Leur musique a beau être d’une extrême douceur, les choses commencent très fort pour Oda. Alors qu’il tisse ses compos folk-pop mâtinées d’électro par ordinateurs interposés (la chanteuse, alors installée en Charente, jongle avec une carrière en germe de comédienne), le duo angevin est dès ses débuts sélectionné dans l’équipe Espoirs du Chabada. Un accompagnement qui permet à Anna Bozovic et Théo Noël-Apperry de se donner à fond dans leur projet et de créer un set solide pour leur premier concert – affichant déjà complet – au printemps 2023 au Joker’s pub. Parallèlement, la voix aérienne de la première et les arpèges de guitare enrobés de bidouillages électroniques du second s’invitent sur les ondes de FIP, où le titre Great Fortune est régulièrement programmé. Fin 2023, Oda s’offre même un clip animé, dessiné par Sabrina Nichols, collaboratrice de The Smile ou Yo La Tengo. Des références (surtout la première) auxquelles on pense en écoutant Le phare, fort beau premier EP sorti cet automne, où les mots précieux d’Anna, qui semblent n’avoir été écrits que pour nous, se susurrent en anglais le plus souvent, mais aussi parfois en français et en serbe. MC


Mansion’s Cellar

Saz plane

© Titouan Massé

Le nom de leur premier EP, Faces Sag Like Melted Wax (les visages s’affaissent comme de la cire fondue), est aussi rigolo que celui d’un de leur groupe modèle, King Gizzard and the Lizard Wizard. Créé il y a tout juste deux ans, d’abord pour s’amuser entre copains, Mansion’s Cellar devient pourtant une aventure beaucoup plus sérieuse que prévu. Après une bonne trentaine de concerts remarqués dans le grand Ouest, le quintet transforme l’essai en intégrant la fameuse tournée des Trans Musicales. Rock et psyché, la musique de Mansion’s Cellar se caractérise par l’utilisation de 3 guitares qui lui donnent un son dense, enivrant, et surtout par la bonne idée qu’a l’un des guitaristes de faire régulièrement des infidélités à son instrument de prédilection. Sorte de Brian Jones (Rolling Stones) de Douarnenez, le garçon insuffle des sonorités orientales à l’ensemble, en tâtant du saz, guitare turque aux microtonalités si caractéristiques, ou du sax qu’il joue comme s’il était perdu au fin fond d’un désert mystique. Entre les références incontournables du rock psyché, Mansion’s Cellar cite comme influence le film Dune de Denis Villeneuve. On valide, tant leur musique semble venir d’une autre planète.   MC

Les Trans Musicales, Le Liberté, 6 décembre. facebook.com/mansionscellarband


Edda Bel Abysse

Les drôles contrées de l'esprit

© Alex Dante Servat

Elle a quitté Toulouse pour la Mayenne afin d'accompagner un proche en fin de vie. « Edda Bel Abysse est née de la nécessité de créer seule. L'idée est d'explorer à l'intérieur de moi-même. Mais sachant que notre âme n'a pas de contour, ce projet se révèle abyssal », révèle la musicienne. Ses chansons ont comme point de départ des questionnements personnels qu'elle traite avec de l'humour, une profonde franchise et une pointe de surréalisme. Son premier EP, Mâlesainte, naviguait dans un univers sonore bercé de nappes aquatiques. Elle voyage désormais entre différents îlots de musique, dans une synth pop évoluant parfois vers des rythmes drum and bass, à laquelle elle ajoute de la batterie ou des arrangements de flûte, de violon et de oud. Côté chant, elle écrit et réinterprète, en français, des morceaux de divas arabes parmi lesquelles Fairuz et Najat Al Saghira. Après avoir défendu son nouveau live au 6PAR4 à Laval et au Music City Hall à Bruxelles à l'automne, elle prépare la sortie de son prochain album, Le Temps des grenades, et un nouveau clip, accompagnée par Yoan Bonnin à la batterie. Edda Bel Abysse entrevoit un nouveau live, cette fois-ci avec une instrumentiste... MS

EP Mâlesainte, 2022 Album Le Temps des grenades prévu début 2025 Clip Le saut dans le grand bain


Miaou-Miaou

Kitsch frénétique

© K. Crenn

Tout part d'une soirée sur la presqu'île de Crozon, en 2020. Alex et Nicolas y jouent des reprises de Serge Gainsbourg. Se prenant au jeu, les deux musiciens, fascinés par les années 80, se lancent dans la composition de leurs propres morceaux, assumant volontiers une touche fun et kitsch appelant la danse. De la basse, de la guitare et une MPC pour la boîte à rythmes et la gestion des synthés. À la voix, Alex déclame des histoires de vie spontanées. Sélectionnés lors d'un tremplin au Run ar Puñs, à Châteaulin, les deux compères sont ensuite conviés à une date de Quai Ouest au Vauban, à Brest, en décembre 2023. Jean-Louis Brossard, présent dans la salle, leur propose de venir jouer aux Trans Musicales. Miaou-Miaou se voit ainsi offrir une résidence à l'Ubu et au Sew en octobre dernier. De quoi préparer un concert bien léché. Le duo y déballera notamment les trois titres de son premier EP, Classique et Baroque, sorti en mai 2024. « On souhaite avant tout y prendre du plaisir. On ne fait pas de plan sur la comète pour la suite. Car, comme on le rappelle dans notre chanson Moyen partout, quand tu t'attends à rien, bah t'es jamais déçu ! » MS

Le Sew, Morlaix, 23 novembre ;

Les Trans Musicales, Liberté, 7 décembre.

EP Classique et baroque (mai 2024)


Mackenzie Leighton

Flower power

© Celia Petersen

Du folk, oui, mais avec cette petite touche pop et jazzy qui la place plus dans la lignée d’une Joni Mitchell que d’une Joan Baez. Originaire du Maine aux États-Unis, Mackenzie Leighton a débarqué en France en 2017. D’abord Parisienne, cette fausse Tourist(e) (du nom d’un de ses premiers EP) est depuis peu installée à Nantes où elle peaufine des compositions aux fragrances et couleurs enivrantes. C’est que, parallèlement à son activité musicale (son projet solo, mais aussi les groupes Francis Lung et Vain – adorés par ici), Mackenzie est fleuriste. Un métier qu’on devine beaucoup plus qu’alimentaire pour l’artiste, puisqu’elle le revendique haut et fort. Et s’en inspire. Après Fleuriste, la revoici avec un nouveau disque, Sunroom qui, derrière sa pochette florale, renferme des morceaux où il est question de jasmins, d’œillets, de magnolias… On vous voit venir. Non, l’Américaine ne s’est pas prise de passion pour Claude François en arrivant en France. Quitte à faire dans la référence bucolique, on entend surtout du Parsley, Sage, Rosemary and Thyme, l’album culte de Simon & Garfunkel, dans ses compositions portées par de doux arpèges de guitare et une voix gracile. MC

Le Point Éphémère, Paris, 15 janvier.


Swirls

Le pari des parias

© Gregg Brehin

Tout de jeans vêtus comme le Gainsbourg/Gainsbarre de la fin, les 4 Swirls s’empoignent sur la pochette de leur premier album. Caresses entre musiciens avant tout amis depuis maintenant une quinzaine d’années ? Baston pour savoir qui jouera de quel instrument ? Vous êtes perdus ? Normal, Swirls existe pour nous déstabiliser. Rappelez-vous des Von Pariahs, formation post-punk vendéo-nantaise qui a annoncé sa séparation en 2022. Eh bien Swirls en est la reformation partielle (des 6 membres originels, il en reste 4), sauf que chaque musicien a décidé de jouer de l’instrument… dont il ne savait a priori pas le mieux jouer. En clair, le bassiste est devenu batteur, le guitariste bassiste et le batteur guitariste. Mais que les fans se rassurent, Sam Sprent, l’incroyable chanteur des Pariahs (qu’on retrouve dans Pamela, autre découverte de ce dossier), est toujours derrière le mic. Entouré d’une formation qui respecte à la lettre les préceptes du punk (jouer vite, fort et jamais trop bien), il parle, chante, éructe avec un accent de lads anglais irrésistible, validé à l’état civil par une naissance sur l’île anglo-normande de Jersey. MC


Idriss Sarla & The Highroots

Fédérer dans la joie

© Declerck Visuel

« J'aimerais que le reggae roots revienne à la page », confie Idriss Sarla, un jeune artiste rempli de vibrations positives. Âgé de 23  ans, le Rennais se lance dans la musique il y a seulement trois ans, pour proposer un projet musical émotif et fédérateur. Début 2023, il décide de passer la vitesse supérieure en montant son groupe, Idriss Sarla & The Highroots. Inspirés par des légendes du reggae telles que Clinton Fearon, Israel Vibration, Peter Tosh et bien sûr Bob Marley, les joyeux compères souhaitent prendre la relève, portés par le premier EP d'Idriss, sorti il y a un an. « Composé de six titres, Soul of Pirate parle d'injustice ou encore de thèmes personnels, comme la perte de mon père », confie le chanteur, déjà en route vers un nouvel EP prévu pour l'été 2025. Après une tournée sur la côte bretonne, la formation peaufine de nouveaux sets en vue de la saison à venir. Avec notamment une date attendue au Festival Tilibora, à la Maison de quartier de Villejean, le 1er mars prochain. « Nous aurons la chance de nous produire dans un cadre très chaleureux, avec de la danse et de la joie », se réjouit d'avance le jeune chanteur. MS


Quinquis

Le temps des sirènes

Quinquis © Claude Cabon

Résidant sur l'île d'Ouessant, Quinquis raconte des histoires inspirées de la culture bretonne ancestrale ou à des personnages liés à la mer. Ce qui ne l’empêche pas de surfer sur une vague électronique bien actuelle. Au synthé modulaire, elle retravaille des éléments acoustiques composés au piano ou à la guitare. À la voix, elle chante en breton, en gallois, mais encore en feroïen et en zulu. Inspirée par les éléments qui l'entourent, Quinquis prend le temps de réfléchir pour mieux avancer. De retour d'une tournée à la voile, elle se demande comment aménager son studio. En tirant une carte du jeu Stratégies Obliques, la jeune artiste tombe sur la phrase « trouvez un endroit sûr et utilisez-le comme lieu d'ancrage ». Le point de départ de son prochain album, Eor (“ancre” en breton), dont la sortie est prévue au printemps 2025. Dans la lignée d'Anatole Le Braz et de sa nouvelle Le Sang de la Sirène (1901), Quinquis s'intéresse à cette créature légendaire en la re-questionnant. « Aujourd'hui, pourrait-elle tomber amoureuse d'une autre sirène ? Rêverait-elle de devenir marin ? » Une réflexion entre mythe et modernité, que l'on retrouve dans son titre Morvreg. À savoir, en breton, la sirène, ou encore l'épouse de la mer. MS

Trans Musicales, Ubu, 5 décembre.

Titre Morvreg, sortie le 26 novembre.


Dela Savelli

Tête chercheuse

© DR

Toujours en mouvement. Il peut être difficile de suivre Dela Savelli. Il y a 3 ans, elle était la moitié du duo electro-pop Dampa, qu’on intégrait déjà dans ce même dossier « artistes coups de cœur ». Venue de La Rochelle, elle débarquait alors à Nantes où, Dampa avorté, elle s’est vite fait un nom avec son nouveau projet solo. Sur l’île de Nantes, on a beaucoup croisé Dela Savelli entre les scènes arty du Blockhaus DY10 ou d’Askip. Un de ses premiers titres, Riding, a même habillé le teaser de Scopitone 2024 où elle était par ailleurs programmée. Aujourd’hui, la musicienne et sound-designeuse a posé ses valises à Bruxelles mais reste connectée à sa ville de cœur. « Il y a une incroyable communauté musicale qui oscille entre Nantes et Bruxelles », nous apprend celle qui aime brouiller les pistes, et pas que géographiques. Derrière ses machines, Dela « pousse les curseurs de façon radicale » entre electro et hyperpop, mais en gardant une « touche ambient, mélancolique, romantique ». Sa musique, elle la crée sans filet. « C’est comme un besoin cathartique, résume-t-elle. Je me donne 24 h pour créer mes morceaux et les poster direct sur mon SoundCloud ». MC


Fragile

Puissante vulnérabilité

© Rémi Sourice

Issu de la scène angevine, Fragile s'impose comme un groupe à suivre de (très) près. Dans le sillage de leurs aînés, la joyeuse bande de potes partage son emocore avec générosité. Aux envoûtantes mélodies s'associent une section rythmique solide et un chant scandé, souvent repris à l'unisson par le groupe. Faisant front, leur complicité semble un moyen de dépasser les vagues d'émotions qui déferlent des morceaux. C'est d'ailleurs le propos de leur premier EP : « En découdre et expier les failles les plus viscérales. » Pendant la parenthèse Covid, les cinq garçons ont fait de leur amitié un tremplin pour passer le creu. C'est le message que le groupe cherche à partager : « L'importance de discuter, s'ouvrir à des personnes qui ne vont pas te juger », raconte son chanteur, Baptiste. Sur scène, vulnérabilité et puissance s'allient donc, dans une posture qui renouvelle le genre. En découle un live varié, aux ambiances aussi diverses que les compositions, impulsées par différents membres. Ici le lead est partagé et cela fait plaisir à voir. Avec plus d'une cinquantaine de dates à son actif, Fragile fait son petit bout de chemin, tranquillement, mais assurément. Un premier album est prévu pour l'automne prochain. JH

Bars en Trans, Penny Lane, Rennes, 7 décembre.

EP' About going home' à découvrir ici : https://linktr.ee/fragileangers


Mina Raayeb

Tonnerre en fusion

DR

Le bassiste et claviériste Xavier Guillaumin et le batteur Anthony-Mehdi Affari jouent ensemble depuis de nombreuses années, au sein des groupes brestois Savate (math rock noise) et Mnemotechnic (rock mélodique). En recherche d'un chanteur, ils trouvent leur bonheur en 2023, à l'occasion d'une manifestation contre la réforme des retraites. « Le rappeur Lemmy Delamarre balançait un flow très énervé, un peu à la Rage Against The Machine. Nous avons été immédiatement séduits », se souvient Xavier. Ensemble, ils décident d'explorer de nouveaux terrains de jeu, à la croisée des musiques ambiantes, du rock indus et du hip hop. « Nous ne pensons pas nous limiter à un trio. Mina Raayeb se veut un réceptacle de collaborations, avec notamment un spectacle en préparation aux côtés d'un vidéaste », révèle Xavier. Soutenu par le label Shaman-Labs Music, le groupe est repéré par Jean-Louis Brossard à l'occasion d'une résidence chez Au bout du plongeoir, à Thorigné-Fouillard. Le groupe se retrouve alors propulsé aux Trans Musicales, pour un tonnerre qui s'annonce plein de rage ! MS

Les Trans Musicales, Le Liberté, 6 décembre.

EP Opponents (Shaman-Labs Music, 27/09/2024) 


Queen Willow

Il Neige sur la folk

DR

Pour saisir toute la magie de l’univers de Queen Willow, il ne faut pas rater leurs clips. Dans celui de Above the Clouds, leur premier single dévoilé en 2023, les membres du groupe ont – littéralement – la tête dans les nuages. Réalisée par leur batteur (par ailleurs aux commandes du très beau projet solo Neige), cette pastille poétique nous emmène du côté de Michel Gondry pour le bricolage candide, avec une touche de Wes Anderson pour le soin maniaque apporté à chaque détail. Colorée, mais dans des tons jamais criards, plutôt pastels, la musique du quatuor nantais est raccord avec cette imagerie. Avec Restful Tales of the Shapeless Seasons, leur premier album tout récemment sorti, Léo Doublé (chanteur et guitariste), Sacha Guyon (basse), Neige Arnaud (batterie) et Léa Brianceau (claviers) nous embarquent dans un voyage d’une douceur irrésistible. De ce côté de la Manche ou de l’Atlantique, on a rarement entendu une musique aussi finement composée et savamment orchestrée. Amateurs de Sufjan Stevens, Andy Shauf ou Patrick Watson, Queen Willow est le conte de fée folk-pop auquel il est indispensable de croire cet hiver. MC

instagramcom/queenwillow.music


Soa420

Dancefloor multicolore

© Corentin Sepe Zadi

Anaïs a grandi à Nantes, dans une famille musicienne franco-malgache. Elle s'inscrit très jeune au Conservatoire, pour 13 ans de piano. Marquant une pause dans son parcours musical, elle retrouve sa passion à l'occasion d'une année Erasmus, à Berlin. « Le Berghain a été pour moi une révélation. Je pouvais me libérer sur le dancefloor jusqu'à atteindre un état de transe, sans m'inquiéter de mon environnement », témoignait-elle dans l'émission rennaise C-Lab, en mai dernier. De retour en France, elle découvre le Macadam en 2018. Travaillant à la billetterie du club, elle y fait également ses premières armes en tant que DJ. De la Trap obscure, des basses pleines de profondeur, du breakbeat qui secoue mais aussi du dancehall voluptueux… Un univers bass music que l'on retrouve dans son premier EP, NO Nerve, sorti en septembre dernier chez Bait. La DJ et productrice prend plaisir à croiser les genres, à l'image de son combat pour la visibilité des femmes, de la communauté LGBTQIA+ et des personnes minorisées dans les musiques électroniques, mené au sein du collectif Zone Rouge. Fidèle à ses racines, elle continue également à promouvoir les cultures afro-descendantes au sein du collectif Tissé, connu pour ses événements de fièvre collective. MS

Trans Musicales, Parc Expo, Hall 5, le 6 décembre

EP No Nerve, septembre 2024


Chahu

Chahu devant

© Carmen Lambert

Minimaliste et poétique, la pop sensible de Chahu ressemble à tout sauf à de la musique de stade. C’est pourtant avec une incroyable session filmée au stade Raymond-Kopa, à Angers où il vit, qu’on a découvert le musicien en 2021. Nous sommes alors en plein (re-)confinement et Chahu, au milieu des tribunes vides, gratouille son ukulélé comme s’il était sur une plage hawaïenne. Sauf qu’en bon fan de Bon Iver, Flavien Berger ou Bertrand Belin, notre homme ne donne pas exactement dans les mélodies guillerettes. Il y a quelque chose de profondément désabusé dans ses compositions mais aussi de vraiment réconfortant. Après 3 EP remarqués, il sort en cette rentrée son premier album, le bien nommé Tristo Bambino, qui le place à la croisée des références citées plus haut. Dans son chant heurté, jamais très loin du talk-over, plane irrémédiablement l’ombre de Bertrand Belin (dont Chahu a d’ailleurs assuré une première partie au Chabada). Et dans cette capacité à mélanger l’intimisme du folk et l’onirisme de claviers parsemés de discrets beats électroniques, celles de Bon Iver et Flavien Berger. MC

Les Bars en Trans, La Place, Rennes, 5 décembre.


Erual

Petit bouquet de pop

© Erual

Dans son petit village de Sérent (Morbihan), Laure a toujours fait de la musique. D'abord, en suivant des cours de piano, avant de se lancer dans l'écriture de ses propres chansons dès 11 ans. Elle débute véritablement dans la création en 2020 : au piano, à la guitare et à la voix, jusqu'à être remarquée par l'Échonova, à Saint-Avé, qui l'intègre dans l'un de ses dispositifs d'accompagnement. Une opportunité pour perfectionner son projet qu'elle qualifie elle-même de « bouquet de fleurs haut en couleurs », illustré par plusieurs singles. « Je fais de la pop aux multiples influences, allant de la ballade acoustique jusqu'à des morceaux électro plus dansants », résume l'artiste de 23 ans, qui se sent inspirée aussi bien par le rock que par la musique orchestrale ou la musique traditionnelle bretonne. En remportant quatre tremplins musicaux cette année, Erual s'est produite devant un large public au Don Jigi Fest, à l'Imagina Festival, au Chant de l'Eucalyptus ou encore à La Flûme Enchantée. Installée à Rennes, où elle poursuit ses études, la jeune femme se concentre désormais sur la création d'un album. L'histoire d'une femme qui entre dans l'âge adulte…  MS

Clip Woman sur Youtube


Le SAS

Collectif et militant

© Declerck Visuel

« Notre premier leitmotiv était de créer un espace de solidarité entre artistes », se souvient Nailik, membre du collectif de rap rennais Le Sas. Fondé en 2021, le crew prend peu à peu la forme d'un groupe composé d'une dizaine de personnes. En 2022, le collectif se concentre sur une résidence de trois mois à l'Hôtel Pasteur, pour sortir la mixtape autoproduite Amaya, avant d'attaquer sérieusement la scène à partir de juin 2023. « Le hip-hop actuel a tendance à se focaliser sur le battle et l'ego. Nous cherchons donc à ramener l'énergie collective au cœur de la pratique et à défendre le respect de chacun en proposant des textes qui ne soient pas oppressifs », explique Yannimal, rappeur membre du collectif. Cela n'empêche pas le crew de lancer des messages clairs. En témoignent ses titres La pluie et l'éclair, avec une touche lyrique et militante, et Cinéma, qui dénonce les violences sexistes et sexuelles. Après de nombreuses rencontres fédératrices, l'été dernier, à l'occasion du festival Escales africaines, du What the Fest et d'une soirée au Bloomp Pop dans le cadre du festival Emgav, Le Sas s'apprête à attaquer 2025 avec une nouvelle ambition : se professionnaliser pour voir un peu plus grand, avec une belle tournée estivale en ligne de mire ! MS


Hayden Besswood

Pop Technicolor

© Marine Bouteiller

Celui-là, on l’avait repéré dès 2021, alors qu’il n’avait que deux EP sous le bras, très folk puisqu’enregistrés après la découverte de Saint Neil Young. Sauf que très vite, un nouveau monde s’est dévoilé à Quentin Le Gorrec alias Hayden Besswood : celui des synthés vintages, des bidouillages en studio, du psychédélisme en somme. Obsédé par sa nouvelle idole Kevin Parker (Tame Impala), le Nazairien désormais établi à Nantes joue au démiurge pop, bricolant des sons dans tous les sens et envisageant ses instruments de musique comme des jouets qu’il manie par ailleurs à merveille. C’est coloré (à l’image de l’excellent clip du bien nommé Colors & Vows, signé Tristan D’Hervez), ultra-décontracté mais savant (la définition d’un bon groupe de pop depuis les Beatles) et, surtout, ça sonne. On ne le fait pas exprès mais voici encore un de nos coups de cœur derrière lequel se cache la bande à Zaho (de Sagazan s’entend). À la réalisation du premier album de Hayden Besswood, on retrouve ainsi les ex-Inüit Pierre Cheguillaume et Simon Quénéa également aux commandes du projet Pamela, évoqué dans ces pages. MC

Premières parties de Zaho de Sagazan, l’Olympia, Paris, le 2 décembre ;

Zénith, Dijon, 12 décembre.

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