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Zaho de Sagazan : “Je n'ai jamais peur”



Texte / Patrick Thibault * Photos / Emma Picq Publié dans le magazine Kostar n°86 - été 2023


La création pour les Trans Musicales, à L’Aire Libre en décembre 2022, a mis Zaho de Sagazan sur orbite. La presse est dithyrambique, le public est touché, les dates se multiplient et les salles sont de plus en plus grandes. L’occasion d’évoquer le succès et l’ascension fulgurante avec une artiste qu’on adore.



Tu as été en K de Kostar avant la création des Trans Musicales à L’Aire Libre et maintenant on programme des Zénith pour 2024, comment vis-tu ça ?

Très bien. Avec mon équipe, on s’imagine le Zénith, on rêve en grand, on hallucine complètement. On comprend maintenant que c’est une réalité et elle est très belle. Il y a deux jours, on était devant 150 personnes et j’ai adoré. Et là, on va passer à 6000. Il faut juste faire ça bien mais je ne m’inquiète pas car je suis entourée de gens super talentueux et généreux. Le champ des possibles est juste plus énorme que d’habitude.


Est-ce que ça fait peur ?

Ah non, moi je n’ai jamais peur.


À L’Aire libre, tu parlais beaucoup de tes doutes et angoisses, maintenant as-tu conscience du fait que la scène, c’est une évidence pour toi ?

Je n’en ai jamais douté. J’ai toujours douté de moi, je me suis toujours demandé si j’étais assez bien parce que je suis très exigeante. Quand on me montre une vidéo, je ne me trouve jamais assez bien et je me dis qu’il y a encore du boulot. Mais j’ai toujours pensé que j’étais faite pour la scène.


La recette du succès, est-ce que c’est le travail ?

Bien sûr. Un buzz peut venir d’une chance. Mais le succès sur le long terme, une carrière, ça ne peut venir que du travail.


Sais-tu pourquoi tu touches le public ?

Je pense que je touche les gens de différentes manières : avec ma voix, l’electro… Mais surtout, je suis très sincère dans mes chansons et sans trop d’artifices. Ils ressentent ce que je suis. Le public reçoit et voit que c’est vraiment moi.


Que penses-tu de la chanson actuelle ? Tu es à la fois loin et au-dessus de tout ça, non ? n Il y a quand même de super nanas et de super mecs ! Moi je suis un peu vieillotte parce que j’ai été bercée par la chanson française. J’ai cette exigence pour les textes d’antan. Maintenant, je suis rarement autant touchée par les textes mais il y a autre chose. Alors, parfois, je dis “c’est pas super” mais il faut que je dépasse ça. Surtout que j’adore rencontrer de nouvelles personnes.


“J'ai toujours pensé que j'étais faite pour la scène.”

Cette culture de la chanson, de la musique et la culture en général, c’est ce qui fait la différence, non ?

De toute façon, je pense que tout ce qu’on mange est bénéfique. On est ce qu’on a lu et écouté. Et si on ne lit qu’un livre, on ne saura pas en écrire beaucoup. Plus on a de culture et meilleur c’est. Le plus terrible, c’est que si tu fais trop de musique, tu ne vas plus en écouter. Or, il faut aller écouter les autres, c’est trop important. Il faut montrer nos influences.


Sur scène, on est impressionné par ton humanité, ce que tu appelles ta sincérité et, en même temps, par ta maturité…

Pour le coup, je ne m’en rends pas compte. Je pense que cette maturité, elle vient du fait d’avoir écrit des chansons. Parce que, sur beaucoup de points, je ne suis pas mature. Mais là où j’ai gagné du temps, c’est en écrivant. Très tôt, j’ai eu envie d’écrire de grandes chansons. Pour ça, il faut être au courant, être sûre, écouter, observer. Ça m’a permis de comprendre plein de choses. Dans nos vies, le problème qu’on a maintenant, c’est qu’on ne s’ennuie plus. On est pour un rien sur nos téléphones portables. On n’a plus trop de temps d’attente et de suspense. Moi, être seule à écrire sur le piano, ça m’a aidé à penser.


“Très tôt, j'ai eu envie d'écrire de grandes chansons.”

Est-ce qu’il y a place pour autre chose que ton métier dans ta vie actuelle ?

Pas beaucoup. Dire le contraire, ça serait mentir. Mais c’est plus dans mon esprit que dans ma vie. J’ai un rapport obsessionnel à mon métier et mes amis. Tous ce que je fais, c’est pour mon métier. J’ai arrêté de fumer, je me suis mise au sport. Parce que maintenant qu’on m’a donné le pouvoir de parole, je n’ai pas envie de dire de la merde. Mon métier est accroché à ma vie mais c’est une passion. C’est toute ma vie.


Qu’est-ce qui t’inspire en dehors de la musique ?

L’humain. Tout. L’art, la vie et les gens.


Tu as noté que Saint-Nazaire et Nantes se battent ta paternité…

Oui c’est vrai mais c’est un débat qui n’a pas lieu d’être. Je suis née à Saint-Nazaire et je vis à Nantes. J’aime les deux villes. Ce qui est sûr, c’est qu’il est écrit sur ma carte d’identité que je suis née à Saint-Nazaire et ça ne changera jamais. Je suis nazairienne !


Tu bénéficies d’une couverture médiatique hallucinante. Dans toutes ces interviews, est-ce qu’il y a une question qu’on ne t’a pas posée et que tu aurais aimé qu’on te pose ?

Plein. Là, déjà, je suis contente : les questions sont intéressantes et ça n’est pas toujours le cas. J’aimerais parfois qu’on m’interroge juste sur la manière de penser la vie. Je ne pense à rien de particulier mais bon, ça tourne souvent autour de “comment est-ce que vous avez commencé ? Comment est-ce que vous vous êtes faite ?” J’aime beaucoup parler, je suis une grande piplette et j’aime aussi beaucoup poser des questions pour aller plus loin. Récemment, j’ai trouvé un quizz sur les 25 questions pour tomber amoureux. Il y avait plein de questions loufoques, ça m’a beaucoup amusée.


Qu’est-ce qu’on peut te souhaiter ?

Du bonheur, beaucoup comme pour tout le monde. Continuer d’être bien entourée pour faire de belles choses.


La symphonie des éclairs, sortie mars 2023

Au Foin de la Rue, Saint-Denis-de-Gastines, 7 juillet

Les Vieilles Charrues, Carhaix Plouguer, 15 juillet

Les Escales, Saint-Nazaire, 30 juillet

Festival du chant de marin, Paimpol, 6 août

Rêve à sons, La Pommeraye, 2 septembre

Baisers Volés, La Nouvelle Vague, Saint-Malo, 30 septembre

Le Sew, Morlaix, 14 octobre Les Nuits Courtes, Fontenay-le-Comte, 27 octobre

L’Étage, Rennes, 15 novembre

Zénith, Nantes, 11 mars 2024.




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