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Une ville ailleurs : Vienne



Texte et photos / Patrick Thibault * Illustration / FagoStudio pour Kostar Publié dans le magazine Kostar n°58 - décembre 2017-janvier 2018

Depuis quelques années, Vienne est en train de devenir une des capitales les plus dynamiques d'Europe. Le télescopage permanent entre tradition et modernité séduit le visiteur. Contre toute attente, on va à Vienne pour être surpris.


Vienne évoque d’abord des images du passé. Un côté délicieusement suranné, voire désuet. On imagine la ville du XIXe, avec ses constructions et palais prestigieux du centre-ville. On pense à la ville de François-Joseph qui n’a cessé d’agrandir le palais de la Hofburg. On pense même à l’impératrice Elisabeth, la si populaire Sissi qui, dans notre imaginaire, est presque une star de cinéma. On l’imagine allant au café Demel déguster un strudel. À moins que ça ne soit une sachertorte à l’hôtel du même nom.

Cette ville-là existe bien sûr. On continue même de donner le grand bal impérial, chaque nouvel an. Et, pour que l’image d’Épinal soit complète, on peut y ajouter le culte de Mozart, sa statue devant laquelle le monde entier se fait photographier en faisant la queue. Et les chocolats à son effigie omniprésents dans les boutiques ou à l’aéroport.

Cette Vienne-là, à laquelle il faudrait encore ajouter le château de Schönbrunn, est celle d’un tourisme de masse. Nous allons la quitter.

Car au-delà des clichés, il y a beaucoup plus intéressant à voir et à vivre à Vienne. La capitale autrichienne a beaucoup changé ces dernières années. Cette belle endormie est même devenue trépidante et branchée. Bien sur, on continue d’y dîner tôt mais les Viennois vous diront que c’est pour mieux profiter des soirées qui, si elles sont longues, sont loin d’être ennuyeuses.


Si l’imposante architecture peut paraitre pompeuse, elle traduit le poids de l’Histoire, la puissance des Habsbourg.

Si l’imposante architecture peut paraitre pompeuse, elle traduit le poids de l’Histoire, la puissance des Habsbourg. Vienne a toujours été considérée comme la porte de l’Orient en Europe, on ne s’étonne donc pas de trouver des airs de pâtisserie orientale à l’architecture. Ce télescopage entre tradition et modernité fait la force créative de la ville. Au-delà du slogan de l’Office de tourisme, “Maintenant pour toujours”, c’est devenu une marque de fabrique. On est surpris de voir l’extrême droite progresser dans les urnes tant la populations semble vivre avec tranquillité. On a même le sentiment que la bourgeoisie installée a laissé du terrain à une jeunesse branchée. Une ballade sur les bords du canal réserve son lot de surprises. En looks comme en sons.

Vienne est une ville à vivre. Très étendue, on découvre ses quartiers, avec chacun sa personnalité et son cachet. Au-delà des larges artères impériales, la ville étale ses parcs et jardins. Les Viennois aiment se retrouver au légendaire Prater. À quelques encablures du centre, le vrai Danube, s’il n’est pas tout à fait bleu, attire promeneurs et sportifs. Fini le temps où les terrasses fermaient tôt pour ne pas déranger les voisins. Désormais, elles restent animées et font le plein jusqu’à pas d’heure.


Côté visites, impossible de passer à côté de l’incroyable richesse des musées.

Côté visites, impossible de passer à côté de l’incroyable richesse des musées qui, à l’image de la ville, pratiquent allègrement le télescopage des genres et des époques. Le MAK, Musée des arts appliqués, réunit dans un palais vénitien, une section Vienne 1900 et l’avant garde créative contemporaine. L’Albertina, elle, dans un ancien palais des Habsbourg, comptent de prestigieuses collections qui cohabitent avec des expositions temporaires internationales d’art contemporain. Le Musée des beaux-arts est l’un des plus riches d’Europe avec la plus importante collection de Bruegel l’ancien, Dürer, Vermeer et autres grands maitres. On peut aussi vous parler du musée du Belvédère, consacré notamment à la Sécession et où l’on admire le fameux baiser de Klimt.

On en revient donc à la Vienne de 1900 que l’on célébrera en 2018. Belle époque qui a non seulement irrigué la ville mais l’Europe tout entière. On s’arrête alors au Leopold Museum pour découvrir les richesses de l’art autrichien. Klimt, Kokochka et… la plus importante collection d’œuvres d’Egon Schiele. Séquence émotion devant les autoportraits 1910 du peintre mort à l’âge de 28 ans. Juste en face de ce cube blanc, un plus récent, tout en noir, le Mumok, musée d’art contemporain et son penchant pour le pop art.

Reste le temps du shopping, à savourer en dehors du centre qui se contente d’aligner les marques internationales. Profiter d’une gastronomie qui s’est internationalisée, sans toutefois venir à bout des kiosques à saucisses. Et vivre pleinement la nuit dans la ville de Freud et de Conchita Wurst.




Archi Tour

À l’opposé de l’architecture néo-classique du Ring, J. M. Olbrich a construit à la fin du XIXe le musée de la Secession qu’on aurait tort de manquer. On ne rate pas l’Hundertwasserhaus. En réalité un immeuble à l’architecture libre, construit par le plasticien qui serait une sorte de fils de Gaudi et de père de Frank Gehry. Plus récemment, Jean Nouvel a construit un Sofitel de centre ville dont le roof top chic et branché offre une vue plongeante sur la ville et la cathédrale. Dominique Perrault a, lui, construit la très élégante tour plissée dont le noir se reflète sur le Danube. Zaha Hadid a, elle, conçue, la bibliothèque de l’université d’économie. Un bâtiment anguleux à l’extérieur et courbe à l’intérieur qui suscite l’admiration. n



Le renouveau du Welt

Mexico, Aztec, early 16th centuryfeathers of the resplendent quetzal, cotingas, roseate spoonbill, Squirrel Cuckoo, kingfisher; wood, fibres, paper, cotton, leather, gold, gilt bronzeh. 116, w. 175 © KHM-Museumsverband

Après trois années de travaux, Vienne vient de rouvrir en grandes pompes son musée d’ethnologie. Dans un ancien palais néo-Renaissance, il réunit d’importantes collections accumulées depuis le XVIe siècle. Très réussie, la nouvelle muséographie alterne judicieusement les espaces sur fond noir et sur fond blanc pour souligner les pièces. La nouvelle approche va jusqu’à étudier les conséquences de la mondialisation sur l’ethnologie, en évoquant notamment l’influence de l’élection d’Obama sur les populations africaines. Depuis le masque aztèque du XVIe (notre photo) jusqu’au Bodhisattva Jizo japonais, le tour du monde et des époques est complet.





Circuit Kostar

Direction Neubau, le quartier qui bouge et dont on parle. C’est maintenant qu’il faut l’arpenter pour profiter d’une belle mixité entre les populations et d’enseignes 100 % locales. On vous propose de commencer la visite de ce quartier commerçant en sortant du Mumok par la Burggasse. Un arrêt s’impose au numéro 24 qui réunit boutique de créateurs, friperie et Frühstück, un café-restaurant décalé. Les boutiques se multiplient sur Siebensterngasse et Westbahnstrasse. De la mode, des accessoires, du design, des créateurs, toujours de petites boutiques avec l sens de l’accueil. Inouïe, la boutique du verrier Robert Comploj où l’on a envie de tout acheter. Heureusement, les prix sont raisonnables (Westbahnstrasse 18). On termine par le dédale animé de Spittelbergg, des ruelles piétonnières qui donnent l’impression de replonger deux siècles en arrière dans un village. Non, vous ne rêvez pas, on est bien au cœur de la capitale : bars, restaurants et terrasses n’y désemplissent pas.

Y aller

Vols directs au départ de Nantes avec Volotea, deux fois par semaine, les lundis et vendredis. On peut donc y passer le week-end ou la semaine.


Y séjourner

Hôtel Sans-Souci. Si l’on veut et si l’on peut casser sa tirelire, ce 5 étoiles qui jouxte le quartier des musées est particulièrement bien situé à la porte du centre et du quartier branché de Neubau. Dans une offre importante, toutes catégories confondues, le très central Motel One Staatsoper offre un excellent rapport qualité-prix exceptionnel.


S'y restaurer

Si c’est un week-end de folie, on va au Palais Coburg chez Silvio Nickol. Après la visite d’une des plus riches caves du monde, c’est une expérience hors du commun chez le très créatif chef aux deux macarons. Plus raisonnable, Vestibül propose une cuisine moderne dans un cadre inouï à l’entrée du Burgtheater. La meilleure Wiener schnitzel, celle dont la panure ne se décolle pas de la viande, se déguste chez Zum Schwarzen Kameel, une institution. Enfin, si l’on veut déjeuner ou dîner comme les Viennois, on peut aller au Glacis Beisl, un bistrot contemporain à deux pas des musées. Et bien sûr, on fait étape dans l’un des multiples Würstelstand, le fameux kiosque à saucisses.


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