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Une ville ailleurs : Liège



Texte et photos / Vincent Braud et Patrick Thibault Illustration / Delphine Vaute pour Kostar Publié dans le magazine Kostar n°61 - été 2018


Chacun le sait, le “plat pays” ne manque pas de relief. S’il en fallait une preuve supplémentaire, il suffirait de faire un tour à Liège. Dès l’arrivée en gare, on comprend que cette ville est entrée dans le XXIe siècle.

C’est Santiago Calatrava qui a imaginé cette cathédrale de verre et d’acier dans un quartier de Guillemins en pleine transformation depuis le début des années 2000. Inaugurée en 2009, l’œuvre d’art joue avec les couleurs du ciel et s’ouvre sur une vaste esplanade. Bienvenue à Liège, toujours belle et rebelle.

Lovée dans les méandres de la Meuse, Liège est une ville-fleuve qu’il est agréable de découvrir à pied. Même si une navette fluviale permet de gagner du temps pour arpenter ses différents quartiers de la plus douce des manières. Célèbre par son patrimoine architectural impressionnant, la ville a su conserver quelques-uns des cent clochers qui piquetaient son paysage. La cathédrale Saint-Paul, dont les fondations remontent au Xe siècle, a remplacé celle de Saint-Lambert dont la destruction en 1795 appartient à la mémoire mouvementée et douloureuse de la ville.

Le “vieux Liège” compte ainsi nombre de joyaux qui témoignent d’un passé florissant : le Grand Curtius, bien sûr, palais monumental de briques rouges construit à la fin du XVIe qui abrite un ensemble de musées, le palais des Princes-Évêques, place Saint-Lambert, datant de la même époque, la célèbre rue Hors-Château et ses ruelles improbables ou encore l’éprouvante montagne de Bueren, cet impressionnant escalier de 374 marches construit à la fin du XIXe pour éviter aux soldats de la citadelle de traverser les quartiers chauds (qui ne le sont plus !) pour descendre en ville.


Décidément, l’image revendiquée de “cité ardente” n’est pas usurpée.

Liège n’est pas une ville-musée. La ville vit au rythme de son époque. La Tour Paradis, signée Jaspers & Eyers, accroche le regard à la sortie de la gare. D’autres projets, en cours d’études ou de réalisation, témoignent d’un nouveau dynamisme économique. Pour autant, Liège reste attachée à son environnement. L’élégante passerelle piétonne – la bien nommée Belle Liégeoise – qui enjambe la Meuse à hauteur du parc de la Boverie a rapidement été adoptée par les habitants et… les touristes. C’est ici que Rudy Riccioti a donné une seconde vie au Palais des beaux-arts néoclassique construit pour l’exposition universelle de 1905. L’architecte du Mucem a complété le bâtiment d’une aile vitrée construite sur pilotis qui offre une vue sur le Liège populaire de l’autre côté du canal. Autre geste architectural, l’étonnante Médiacité, à la fois espace commercial et culturel, inaugurée en 2009 et signée Ron Arad.

Liège côté jardins, c’est la promenade, joliment aménagée, sur les côteaux de la citadelle et le parc de la Boverie qui accueille joggers matinaux ou familles en pique-nique dominical. Le soir, les ruelles du Carré accueillent les jeunes (mais pas que…) pour y faire la fête. Décidément, l’image revendiquée de “cité ardente” n’est pas usurpée. Si Liège-la-discrète n’aime pas se faire mousser, le nombre de “beer lovers” en terrasse en fin de journée rappelle qu’il y a, ici, de solides traditions. Le charme de Liège tient aussi à sa population. Une ville avec des vrais Belges à l’intérieur. Capables de voir rouge si vous dénigrez le Standard, “le” club de foot historique, et de vous inviter à prendre une Curtius, place du Marché, pour mieux vous convaincre. Le Liégeois aime faire la fête. Et pas seulement le 15 août. 







Histoire de ne pas se gaufrer

La gaufre est à Liège ce que la galette-saucisse est à Rennes ou le brochet beurre-blanc aux bords de Loire. Plus qu’une tradition, l’orgueil d’une ville et un secret bien gardé. n L’histoire de cette pâtisserie emblématique remonterait au XVIIe siècle. L’authentique gaufre liégeoise a les joues rondes et dorées et croustille sur un cœur moelleux. On la déguste à toute heure, un peu partout en ville. Pour ne pas se gaufrer (tomber, si vous préférez…), il suffit de regarder où les Liégeois font la queue pour s’en procurer. Rue des mineurs, par exemple, pour Une gaufrette saperlipopette, ou rue Saint-Gilles, chez André.

Circuit Kostar


La tête au Carré

Liège mérite mieux qu’une étape de quelques heures dans un circuit touristique. Il faut un peu de temps pour en découvrir les attraits et les (petits) secrets. Le dimanche, par exemple, tout le monde se retrouve sur les quais. On va à “la Batte”, le plus grand marché de la ville, certes, mais aussi l’un des plus importants d’Europe. On y trouve tout (ou presque) et ça dure depuis le XVIe siècle. Un rituel.

Une frite à… La Frite (une institution toute proche) et direction les Olivettes. Un piano, une petite estrade, un micro et tout un chacun peut s’essayer à reprendre les classiques de Piaf, Barbara, Brel… repris à leur tour par l’assistance. Un café chantant hors du temps, improbable et inouï ! Une autre institution, à l’heure de la pause, les terrasses de la brasserie C (comme Curtius) à gauche de la montagne de Bueren. On s’y bouscule aux beaux jours. Après un tour côté boutiques – dans le concept-store chez Marie-Jeanne pour découvrir tout ce qui touche au chanvre (le textile !) ou Wattitude pour l’accessoire made in Wallonie – ou du côté de La Boverie pour découvrir l’expo Roma (jusqu’au 26 août) et il est temps de penser à la soirée. Salle de musiques actuelles Le Reflektor. Puis direction le Carré à côté duquel la “rue de la soif” rennaise tient du jardin d’enfants… Rue du Pot d’or ou de la Casquette (sic), des bars, des discothèques et la fête jusqu’au bout de la nuit.



Y aller

Le plus simple et le plus rapide : une heure de vol, au départ de Nantes, et vous voilà à Bruxelles avec Brussels Airlines. Puis une petite heure de train et vous y êtes. Sinon, la ville est à un peu plus de deux heures de Paris en Thalys.


Y séjourner

Vaste choix d’hôtels à prix raisonnables. Tout proche du centre historique, le Pentahotel (à la déco branchée) est un très bon compromis. 90 €/nuit selon période. Accueil sympa et bon petit déjeuner. Plus cher, l’hôtel Neuvice, installé dans un bâtiment du XVIIIe, près de la Place du marché, est une adresse de charme. Autre choix possible, l’Hôtel de la Couronne à proximité de la gare.


Se restaurer

Pour passer un bon moment, il y a… Moment. Au 17 de la rue Bonne fortune, une valeur sûre de la bistronomie liégeoise dans un édifice classique au design moderne pour une atmosphère cosy et branchée. Plus traditionnel, le Bistrot d’en face jouxte l’Office de tourisme. Au menu, escargots de Bourgogne, cassoulet toulousain ou tête de veau et les fameux boulets liégeois… Autre bonne table, Le Balcon de l’émulation, juste au-dessus du hall du théâtre avec le plaisir de dîner dans l’un des trois salons classés. Chic sans être guindé pour une cuisine de bonne tenue. Le Grand Café de la Gare propose un café liégeois revisité très convaincant.

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