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Une ville ailleurs : Lausanne, par Patrick Gyger


Lausanne, Terrasse des Grandes Roches © Schweiz Tourismus / Colin Frei

Texte / Patrick Gyger * Portrait / Amélie Blanc Publié dans le magazine Kostar n°82 - octobre-novembre 2022


L’ex-directeur du lieu unique à Nantes est devenu celui de Plateforme 10, la structure qui réunit trois musées d’art flambant neufs récemment inaugurés à Lausanne. L’un des projets les plus excitants du moment. Nous avons donc choisi de le laisser nous guider dans le Lausanne qu’il aime.


L’expression est convenue au point d’être galvaudée, mais Lausanne est bien une ville à taille humaine. À savoir qu’elle est suffisamment grande pour avoir des quartiers bien distincts mais vivants, et que l’on traverse aisément à pied, pour autant qu’on ne soit pas grabataire ou fumeur invétéré. Parce que ça grimpe. Enfin, plus précisément, ça grimpe, ça redescend et ça re-grimpe. La ville est bâtie sur trois collines ; non seulement la déambulation peut nous emmener des 372 m d’altitude du Léman aux 935 m de la Montagne du Château, mais il est relativement aisé d’y perdre ses repères. Rassurons-nous toutefois, les nombreux parcs et jardins, ainsi que les bords du lac qui sont, avouons-le, plutôt idylliques, permettent de s’adonner à un farniente assez peu local – du moins en semaine.

Pour ma part, de retour dans cette ville où j’ai fait mes études, mon tropisme me pousse à aller chercher les activités artistiques. Le projet "Art en ville" propose de découvrir la ville au fil de sept promenades le long de 80 œuvres d'art. Bon, nous éviterons la comparaison avec Le Voyage à Nantes mais il y a des choses fort honorables et c'est un moyen de se faire une idée de l'espace urbain. La vieille ville (la Cité) est un quartier médiéval où se trouvent le château et la cathédrale (mais aussi le Barbare, un café qui sert le meilleur chocolat chaud de la planète). L'architecture contemporaine la plus impressionnante se trouve toutefois loin du centre, sur le campus de l'École polytechnique fédérale de Lausanne et de l'université : le Rolex Learning Center (conçu par le cabinet japonais SANAA) et le Vortex sont deux réalisations importantes.


Du rolex center à l'art brut

La diversité de Lausanne dans le domaine des arts, au vu de la taille de la ville, est étonnante. C’est un beau mélange de patrimoine, de culture contemporaine et une scène – plus ou moins – underground. On y trouve de grandes institutions, comme la Fondation de L'Hermitage – qui présente surtout de la peinture des XIXe et XXe siècles –, la Cinémathèque suisse et le Théâtre Vidy-Lausanne, l'un des meilleurs théâtres francophones. Parmi mes autres lieux d'art préférés figurent la Collection de l'Art Brut, le plus beau musée au monde sur le sujet, et le Musée de l'Absurde (je vous en laisse la surprise), ainsi que le Bellevaux, un cinéma d’art et d’essai qui propose également de la musique expérimentale. J'ai également hâte de voir l'achèvement de plusieurs grands projets en cours. Les travaux de rénovation du cinéma historique le Capitole, ainsi que trois nouvelles salles de musiques actuelles et de jazz. Dans les festivals, le LUFF (Lausanne Underground Film and Music Festival) est incontournable, tout comme La Fête du Slip, un événement dédié aux sexualités et aux genres, et le Festival de la Cité, événement gratuit qui fait venir des artistes et des musiciens internationaux chaque été.


Un nouveau quartier des arts

Ces pérégrinations donnent soif et pour la meilleure bière de la ville, rendez-vous au Cylure, pour le meilleur vin, à Ta Cave. Les Grandes Roches est l’une des plus belles terrasses (sous les arches d’un pont), même si ma préférence va au Café Perché, perdu dans un petit parc mais offrant une vue imprenable sur le Léman (la vue sur le lac est une obsession locale). Pour déjeuner, direction le Nabi, le restaurant du Musée des beaux-arts, qui met l'accent sur les produits locaux, et pour un cigare, rien de mieux que le très chic lounge de l’Hôtel Royal Savoy.

Évidemment, comme je suis le responsable du nouveau quartier des arts de la ville, Plateforme 10, je ne peux faire l’impasse sur ce projet majeur pour la capitale du canton de Vaud. Se logent dans cet ancien environnement industriel les nouveaux bâtiments du Musée cantonal des beaux-arts, conçus par le cabinet espagnol Barozzi Veiga, et ceux de Photo Elysée (musée pour la photographie) et du mudac (musée du design), une réalisation des Portugais Aires Mateus. Les collections de ces musées sont riches : le fonds de photographies, qui compte plus d'un million de pièces, est réputé dans toute l'Europe ; la collection de Beaux-Arts raconte comment les artistes suisses ont marqué l'art et ont été influencés par ses grands mouvements ; la collection de design est particulièrement importante en art verrier. Plateforme 10 ne se limite toutefois pas aux arts visuels. Outre les nombreuses expositions, événements, rencontres et visites proposées par les musées, parfois dans des programmations communes, le quartier s’ouvrira progressivement à la musique, aux performances ou encore à la danse contemporaine.

Après tout ceci, il est encore possible de s’échapper de la ville pour découvrir les vignobles de Lavaux et, bien sûr, le Château de Chillon. Enfin, celles et ceux pour qui, venant de la Loire, vignes et châteaux sont un peu convenus, on peut rappeler que, depuis Lausanne, on peut se rendre dans les montagnes en une heure, dans les Préalpes, à Leysin ou Villars sur Ollon…





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