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Papiers, svp !




Chez Kostar, on aime le papier ! Le toucher, le manipuler, en tester la douceur, le poids, la texture, la teinte, la densité… On aime sa capacité à contenir, porter, conserver, diffuser le texte, les codes, les images, les idées… Le papier est un matériau génial, dont l’histoire commence il y a 2000 ans en Chine et qui nous accompagne encore aujourd’hui. C’est un support de rêve, d’images, de récits, de mémoire. Il porte en lui un potentiel incroyable. Jusqu’à quand ? À l’aire du tout-numérique, le papier a-t-il encore une raison d’être ? On y croit, et on le met en avant dans ce numéro, avec des artisans et des artistes qui fabriquent du papier, travaillent ou créent avec. 


Les mains à la pâte

Des recettes à préserver et revisiter


Carlos Robert

Maître papetier

Photo © Le Moulin à papier

Transmis par le monde arabe à partir du VIIIe siècle, les processus de fabrication arrivent au XI  e siècle en Occident. À partir du XIV e siècle, des moulins à papier fleurissent près des rivières, utilisant la force hydraulique pour broyer et triturer les fibres végétales ou les chiffons, guenilles nécessaires à la fabrication de la pâte à papier. On comptait 147  moulins et industries papetières en Bretagne historique. Il n’en reste pratiquement plus. À Sainte-Suzanne, un ancien moulin à blé a été réhabilité en moulin à papier. Carlos Robert en est le maître papetier, assurant la production d’un papier fait main, suivant les méthodes traditionnelles, à partir de chiffons, vieux draps de coton, de lin. Passionné, infatigable (il a plus de 70 ans), il est l’un des derniers à maîtriser et défendre des savoirs, un métier qu’il ne faut pas perdre.

Le Moulin à Papier, rue des Chevaux, Sainte-Suzanne (Mayenne). moulin-papier.com 


Atelier 5°W Papiers

Tout à l'Ouest

Photo © T. Thierry / Atelier 5°W Papiers

La fabrication du papier s’est industrialisée et en grande partie délocalisée. Il reste néanmoins quelques papetiers qui continuent de fabriquer à la main un papier artisanal. Ils prennent en compte une dimension écologique, valorisant les ressources et filières locales, expérimentant de nouvelles façons de travailler et créant des gammes de papier plus singulières. À la pointe de la Bretagne, Thibaud Thierry a ouvert un atelier où il fabrique ses pâtes à base de lin et de chanvre. Dans certaines d’entre elles, il inclut des micas, ou des algues, donnant une identité, des textures plus océaniques et bretonnes à ses papiers. Il aime travailler les transparences, faisant apparaître en filigrane des motifs de vagues ou d’écumes dans l’épaisseur des feuilles avec lesquelles il fabrique aussi des luminaires.

Atelier 5°W Papiers, 5 rue de Saint-Renan, Plouarzel (Finistère). 5wpapiers.fr 


Impressions

Le renouveau d'un papier peint artisanal


Le Papier-Peint Français

Les beaux motifs de Noémie Varet et Xavier Trotin

Photo © Le Papier-peint français

On est en plein renouveau du papier peint ! Jugé ringard il y a quelques années, le papier peint a le vent en poupe, redonnant une personnalité à nos intérieurs. Il marque l’espace, impulsant à la surface de nos murs couleurs, motifs, rythmes, rêves. Le Papier Peint Français, atelier breton installé à Miniac-sous-Bécherel, propose des compositions uniques, sur mesure et éco-responsables, réalisées en impression numérique de haute qualité. Dessinés par Noémie Varet, illustratrice passionnée de botanique, chaque papier peint se décline comme un paysage panoramique et rêveur aux motifs colorés, foisonnants, mêlant rigueur, douceur et joie dans des compositions élégantes et stylisées. Du dessin botanique, elle revisite les formes, densifie les couleurs, décline les motifs. Elle développe un langage qui emprunte autant à l’Art Nouveau et aux planches encyclopédiques qu’au graphisme contemporain.

Le Papier-peint français, Miniac-sous-Bécherel (Ille-et-Vilaine). lepapierpeintfrancais.com 


L’atelier d’Offard

La classe !

Photo © J. Coulonnier / Grand Patrimoine de Loire-Atlantique © Atelier d'Offard

On ne peut pas parler de papiers peints artisanaux, faits main, sans présenter l’atelier dOffard. Créé à Saumur en 1999, par Xavier Richard. Installé depuis à Tours, l’atelier d’Offard développe un savoir-faire exceptionnel mêlant tradition et innovation technologique. Les motifs imprimés à la planche, couleur après couleur, donnent au papier peint une densité et une présence incroyables. « Nous sommes la seule manufacture au monde à maîtriser toutes les étapes de la fabrication : de la gravure des planches à la reconstitution des motifs, en passant par des techniques complexes comme le gaufrage, la tontisse et le carton pierre. Cette maîtrise complète nous permet de garantir une qualité et une authenticité sans pareilles. » Pour sa rénovation, le musée Dobrée, à Nantes, a fait appel à l’atelier d’Offard pour la création de trois papiers peints originaux.

L’Atelier d’Offard, 21 avenue André Maginot, Tours (Indre-et-Loire). atelierdoffard.com


Le papier à l’œuvre

Quand les artistes s'emparent du papier


De haut en bas, de gauche à droite : Portrait d'Anton Farago pour Artfolage. Adresse au récit. photo d'anton Farago pour Artfolage 2022. 994x677. Material memoria de J. A. Valente. 14X14X8. 2023. Cahier de Douai d'A. Rimbaud, Texte intégral tissé 2022 17x22.


Ilann Vogt 

Tisseur de textes

Ilann Vogt est né entouré de livres. Son père, écrivain et éditeur, lui a certainement transmis cette fascination pour le papier, les livres, les textes. Comment un petit parallélépipède de papier peut-il contenir de tels univers ? Les livres qu’il aime, il les déstructure, les découpe avec attention en fines lamelles sans jamais trancher un mot. Puis, il les tisse, leur donnant une forme, une étendue, une texture fluide et sculpturale. Dans son atelier, à Cancale, il transforme, transfigure le texte en quelque chose qui devient matière. Une sorte de peau, de toile, de vêtement, d’objet incarnant par sa présence visuelle l’essence de l’écriture. « Dans un travail artisanal, presque monacal, je fais face aux livres dans la solitude de mon atelier pour les transfigurer en toiles de signes devenus abstraits et pourtant d’une accessibilité directe. » 



De haut en bas, de gauche à droite : De par le monde. Les 6 jours du monde. La reine de la nuit. La ruche. La une. © Bernadette Chéné


Bernadette Chéné 

Le papier journal comme matière à construire

Les œuvres de Bernadette Chéné se déclinent suivant un processus rigoureux. Pour elle, le choix des matériaux est décisif. Leur manipulation, les critères physiques, leur relation à l’espace définissent la forme que l’artiste génère. L’un de ses matériaux de prédilection est le journal : le papier imprimé des journaux. Elle les empile, plie, roule, accumule, enfile, tord, enserre, pour créer d’impressionnantes formes sculpturales, souvent très simples, prenant une place qui en impose dans l’espace. Ses tumulus, colonnes, pyramides, tores, murs, sphères de journaux prennent forme au cours d’un travail patient et répétitif. Massives et fragiles, elles contiennent, sans les laisser vraiment percevoir, les informations quotidiennes, les nouvelles d’un jour, les histoires et mémoires imprimées dans le papier.

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