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P.R2B : “J’aime l’idée que la mode habille des esprits”


Interview / Matthieu Chauveau * Photo / Marie Stéphane Imbert Publié dans le magazine Kostar n°72 - octobre-novembre 2020

Vous êtes quelqu’un de stylée, depuis quand faites-vous attention à votre look ?

Je n’y ai jamais vraiment fait attention, ce qui finit par créer un style ! J’ai toujours fonctionné au coup de cœur sauf que, parfois, le haut ne va pas avec le bas, mais j’assume. J’aime les tee-shirts avec des inscriptions un peu improbables, liées notamment au cinéma, ma seconde passion. Mon préféré du moment : Leonardo DiCaprio représenté en Vierge.


Pensez-vous avoir le costume de l’emploi ?

Je ne sais pas. J’aime l’idée qu’il n’y ait pas de costume type : que quelqu’un qui travaille à la Défense puisse s’habiller sportswear. Pour moi, le costume ne fait pas l’emploi !


Comment choisissez-vous votre costume de scène ?

C’est l’habit dans lequel je vais me sentir le plus moi-même. La scène, c’est toujours un moment d’émotion pour moi, avec quelque chose qui ne se réfléchit pas. Je choisis donc des habits avec lesquels je vais pouvoir bouger facilement : sneakers, jean Levi’s et mes fameux tee-shirts cinéma.


Quel rapport entretenez-vous avec la mode ?

Ce qui m’intéresse le plus, c’est de voir comment les artistes y sont liés. Je suis une grande fan de Bowie, ou actuellement de Tyler, The Creator : des gens qui ont décalé le style, sans être “modeux” pour autant. J’aime l’idée que la mode habille des esprits. Quand Jean-Paul Gaultier fait des costumes pour Almodóvar, ça me rend folle !


Pensez-vous être à la mode ?

Je ne crois pas trop à ce truc d’être à la mode puisque, de toute façon, ça bouge tout le temps. La personne la plus ring' du monde maintenant sera peut-être la référence dans 15 ans. Il n’y a qu’à voir le retour en force du sac banane.


Être à la mode, c’est quoi pour vous ?

C’est être à sa mode. La pire chose, c’est l’ironie, ne pas être vrai. L’important est de ne pas se mettre des œillères, de regarder qui on est et de s’assumer complètement.


Avez-vous déjà retourné votre veste ?

Assez peu. Mes vestes ne sont pas réversibles et moi-même, je ne suis pas quelqu’un de très réversible.


Avez-vous déjà pris des vestes ?

Grave ! Comme tout le monde, je pense que cela rend plus fort. Et on finit toujours par prendre la belle veste qu’on ne reprendra plus.


Qu’y a-t-il dans votre valise quand vous partez en tournée ?

Mes habits et surtout beaucoup trop de livres, ce qui est vraiment stupide parce que c’est très lourd et que je n’ai jamais le temps de tous les lire. Ça s’appelle un toc (rire). J’ai aussi un carnet pour gribouiller et mon ordi. J’aime regarder des films le soir, après l’excitation de la scène.


À qui voudriez-vous tailler un costard ?

Aux politiques qui ont souvent une manière de voir le monde qui n’est pas du tout la mienne.


Quel est le comble du chic ?

Quand le cerveau de quelqu’un s’active, j’ai toujours trouvé ça très beau. Avec l’œil taquin, vif… L’habit vient ensuite appuyer ou contraster cela.


Le comble du mauvais goût ?

Ne pas prendre de risque, ne pas avoir d’opinion. Ce n’est pas une question d’habillement. Tous les habits peuvent d’ailleurs devenir stylés. La preuve : Gaultier a fait un ensemble short-smoking.


Quelle personnalité voudriez-vous relooker ?

Pourquoi pas Nicolas Sarkozy. Je lui donnerais un peu plus de folie : tee-shirts drôles, grands talons de 8 cm. J’adorerais voir un Nicolas Sarkozy almodovarien !


Qui rêveriez-vous de déshabiller ?

Dans le sens imagé de mettre à nu, je dirais par exemple Meryl Streep. J’aimerais passer un moment incroyable avec elle : partager une semaine de sa vie et la voir sous toutes les coutures.


Votre premier tee-shirt de groupe ?

Un tee-shirt de Bruce Lee qui n’est donc pas un groupe (sourire). Au collège, dans les années 2000, j’avais une grande passion pour Kill Bill et pour les films de combats.


EP Des rêves, sortie le 11 septembre.





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