Nouveau théâtre populaire : jardin intérieur, scène extérieure

Texte / Benjamin Rullier * Photo © Christophe Raynaud de Lage Publié dans le magazine Kostar n°93 - décembre 2024-janvier 2025

Installé depuis 15 ans dans la commune de Fontaine-Guérin dans le Maine-et-Loire, Le Nouveau théâtre populaire défend un théâtre accessible, festif et partageur. Quitte à déborder de la scène.

Populaire. Pour la bande de potes qui quitte Paris en 2009, le mot est fort. Et c’est chez Marie-Claude que naît leur rêve d’un Nouveau théâtre populaire. Grand-mère d’un des comédiens, elle laisse la troupe installer une scène en bois dans son jardin. Le cadre idéal pour créer « des spectacles de moins de deux heures, avec beaucoup d’acteurs au plateau et peu de moyens techniques », rappelle Lola Lucas, une des 21 membres du collectif. La première année, leur festival rassemble 700 spectateurs. Cet été, 15 éditions plus tard, ils étaient 11 500 rassemblés dans la pente naturelle qui s’ouvre sur le cimetière, la forêt et le clocher tors de Fontaine-Guérin. « Tant qu’il y a de la vie, que ça mélange ceux qui sont férus de théâtre et ceux qui vont juste passer une tête, c’est super », se réjouit Émilien Diard-Detœuf qui mettait cette année en scène Les Belles illusions de la jeunesse au cœur d’un ensemble balzacien. « Un soir, on peut voir un comédien jouer le premier rôle et le lendemain tenir le bar », raconte Lola.

“On veut transposer cet esprit de fête, qu’on a créé dans notre jardin.”

La pluralité des postes est même au cœur du collectif qui rappelle aussi dans son manifeste que : « Nous jouons quoi qu’il arrive : sous la pluie, ou sous les étoiles » ou « Quand nous avons besoin de quelque chose, nous le demandons d’abord à nos voisins. »   Car le NTP fait maintenant partie du décor. En 2015, le collectif rachète la maison de Marie-Claude, disparue trois ans plus tôt, et la transforme en maison du théâtre pour répéter, organiser des ateliers théâtraux ou accueillir de jeunes compagnies en résidence. Et parfois, ils laissent les clés pendant qu’ils partent en tournée. En 2021, ils enchaînent 7 heures de Molière au Festival d’Avignon tout en servant des bières à l’entracte et sont ovationnés tous les soirs. « On veut transposer cet esprit de fête, qu’on a créé dans notre jardin. Quand on arrive dans un lieu, on a une petite tendance à foutre le bordel », confesse Émilien. Désormais artistes associés du Quai, ils y présentent en décembre Notre comédie humaine avec en clôture l'intégrale des trois spectacles de Balzac et la promesse d’une fête qui se prolonge. « Le théâtre, c’est fait pour être partagé, collectif, il faut que le peuple soit sur scène. On a toujours ce rêve de théâtre total. »  

Les belles illusions de la jeunesse, Le Quai, Angers, mercredi 11 décembre à 20h

Illusions perdues, Le Quai, Angers, jeudi 12 décembre à 20h

Splendeurs et misères, Le Quai, Angers, vendredi 13 décembre à 20h

Trilogie intégrale, Le Quai, samedi 14 décembre à 15h