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Marion Montaigne, interview recto/verso



Interview / Patrick Thibault * Photos / Tangui Jossic pour Kostar Publié dans le magazine Kostar n°93 - décembre 2024-janvier 2025



Interview recto


Votre démarche, c’est la vulgarisation scientifique en BD : qu’est-ce que ça signifie ?  

Se poser des questions assez tordues et surtout chercher un moyen visuel de l’expliquer. Et, cerise sur le gâteau, de manière drôle !

Pourquoi vous posez-vous toutes ces questions qu’on ne se pose pas ?  

C’est vous qui n’êtes pas normal : je ne comprends pas qu’on ne se les pose pas. 


Tu mourras moins bête, c’est venu comment ?  

Un été, il pleuvait : j’ai rassemblé tout ce que j’avais sous le coude. Une bannière faite en 30 secondes et, 14 ans plus tard, je dois encore assumer.


Qu’est-ce qu’il y a dans le tome 6 qui vient de sortir ?  

Pas mal d’études psychologiques. Le fait que c’est normal qu’on trouve pas très beau un bébé à la naissance, que leurs pleurs nous agacent (notre cerveau est programmé pour être hyper vigilant), la meilleure personnalité d’un aspirateur…


Vous êtes redoutable parce que vous avez la science, l’intelligence et l’humour…  

Si je réponds oui, on va dire, elle a le melon (rires) ! Je crois que j’ai surtout la curiosité. Je suis tenace et têtue : quand je ne comprends pas un truc, ça me vexe. Il faut que je sache !


À quand remonte votre passion pour le dessin ?  

Je ne sais pas. Riad Sattouf me fascine : il se souvient de son enfance jusqu’à 2 ans et moi, pas du primaire. Je faisais bien un concours avec celle qui dessinait mieux les chevaux. À un moment, on a dû me féliciter.


Mais pourquoi dessiner ?  

C’est un truc de moine copiste. On dessine dans des cases, on écrit dans des bulles… alors si on n’est pas des monomaniaques, des timides qui se défoulent dans leur zone de récré sans déranger les autres ! C’était valorisant d’être l’artiste de la famille, une manière de me distinguer.


Racontez-nous votre rencontre avec Thomas Pesquet ?  

Il est passé par mon atelier avant une télé. On savait qui étaient les auteurs et qui était l’astronaute. Il avait une telle prestance et l’assurance ! Il connaissait mon blog et m’a raconté des anecdotes.


Il vous doit beaucoup parce que vous l’avez rendu plus drôle…  

Quand vous devez être aimé de 4 à 88 ans, vous avez besoin d’une certaine tenue. J’ai été sa soupape. Pour avoir laissé passer tout ce que je mets dans la BD, il faut quand même en avoir de l’humour. Il avait dit : “Tu peux te foutre encore plus de nous. ” 





Interview verso


Pourquoi toujours vouloir avoir réponse à tout ?  

Y’a un truc, c’est sûr ! On peut faire une psychanalyse… J’ai une envie de contrôle ou de faire ma maligne. Peut-être que c’est le complexe d’être méga conne et le besoin d’avoir raison ! 


Et ce besoin de ramener votre science ?  

Pour souler les gens à table ! Dans les dîners, on me demande souvent d’arrêter. Je raconte des trucs trash : j’aime faire ma Doctissimo.


Est-ce qu’il est facile de se faire un prénom quand on s’appelle Montaigne ?   

Tant que vous ne vous appelez pas Michel (comme mon père) ! À l’oral du bac de français, la prof m’a dit : “ On va voir si vous serez à la hauteur de vos ancêtres. ” Je suis tombée sur La princesse de Clèves et à la fin, elle a dit “ bof ”.


La devise de Montaigne étant Que sais-je ?, vous êtes sa digne héritière…   

Gamine, on me disait plutôt, “sur le plus beau trône du monde, on n’est jamais assis que sur son cul…” C’est surtout ça que je retiens. 


Est-ce que vous irez jusqu’à vous donner en spectacle ?   

J’y pense maintenant que vous  m’en avez parlé mais j’oserai jamais faire du stand-up, j’aime pas ma tête !


Qu’est-ce que vous n’aimez pas chez vous ?   

Mes petites dents de Gremlins, l’anxiété qui m’empêche de dormir pour des débilités. Physiquement, une liste de 43 pages. J’ai la trouille de tout. Pas des insectes mais de ce qu’on va penser. Chaque fois que je commence un projet, je vois un diaporama avec des gens qui disent “c’est à chier”, “elle dessine comme une bouse”.


Et votre peur de la mort, elle en est où ?   

On a tous peur de la mort. Celui qui n’en a pas peur, je ne comprends pas. Il se ment à lui-même puisqu’on est programmé pour être terrorisé par ça. Mais c’est plus là où va l’humanité qui m’inquiète, avec une planète à 50 degrés…


Quand vous serez à l’article de la mort, vous pensez que ça vous aidera d’avoir été moins bête ?   

On fait ce qu’on peut. Certains s’achètent des fringues, d’autres vont à la chasse. Moi, c’est ce que j’ai trouvé.  


Marion Montaigne Tu mourras moins bête, Tome 6, In Moustachum Veritas, sorti le 6/11/24.

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