Lucie Lom, en profondeur

Texte / Guillaume Goubier Photo : Profondeurs © Christophe Martin - Collégiale Saint-Martin - Lucie Lom Publié dans le magazine Kostar n°93 - décembre 2024-janvier 2025

De ses débuts dans les années 80 à aujourd’hui, la compagnie Lucie Lom a produit une œuvre tentaculaire et protéiforme qui a bien souvent marqué les esprits.

Trois ans après le très poétique Sylva, la compagnie Lucie Lom revient métamorphoser la Collégiale Saint-Martin avec Profondeurs. Une plongée fascinante au cœur des mouvements de l’eau et de l’immensité du cosmos. Entre exposition, scénographie et installation, jouant avec les matières, la vidéo et la musique, cette création des plus immersives interpelle une nouvelle fois par son originalité. Mais si le travail de Lucie Lom prend une multitude de formes, c’est bien autour d’une vision commune que se sont retrouvés Philippe Leduc, Marc-Antoine Mathieu et Élisa Fache. Vision qui repose sur « l’idée du récit, de raconter des histoires, et par conséquent de s’adresser à un public, comme l’explique Philippe Leduc, de savoir où il se situe dans le processus, comment on le convie, comment on intègre sa présence physique ». Cette volonté explique le caractère souvent très immersif de leurs créations, de la vertigineuse Forêt suspendue, installation monumentale restée en place toute une année dans les rues de Lille, au très contemplatif Mystère des Faluns.   

“La rencontre avec le public est primordiale”

Depuis son atelier angevin, Lucie Lom touche donc à tout, rejetant le carcan des « disciplines enfermantes ». On trouve toutefois des fils conducteurs tels l’eau, le vent ou l’arbre, des « éléments de vie qui peuvent paraître insignifiants ou aller de soi et qu’on réinvestit de leur potentiel de vie, de leur potentiel poétique ». Revient également une tendance à investir et travestir les lieux pour venir « percuter l’espace public » et observer le dialogue ainsi créé. C’est peut-être cette quête d’une relation entre le lieu, l’œuvre et le public qui explique que la compagnie navigue si bien entre créations pérennes et éphémères. D’autant que même l’éphémère revêt une forme de pérennité, en cela qu’il « reste présent dans les esprits » en offrant « une expérience sensible et sensorielle ». Ainsi, pour Lucie Lom, « la rencontre avec le public est primordiale », raison de plus d’aller s’immerger dans Profondeurs.  

Profondeurs, Collégiale Saint-Martin, Angers, jusqu’au 26 janvier 2025.