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Le printemps des festivals


Mythos / Bagarre © Pierre-Emmanuel Testard

Dossier / Matthieu Chauveau, Patrick Thibault Publié dans le magazine Kostar n°80 - avril-juin 2022


25e édition

Il y a fort à parier que le public retienne d’abord de cette 25e édition la succession de noms qu’elle invite à Rennes : Gaëtan Roussel, Keziah Jones, Benjamin Biolay, Peter Doherty, Jeanne Cherhal, Étienne de Crécy, La Maison Tellier, Alex Vizorek, General Elektriks, Thylacine… Mais la programmation musique invite aussi Terrenoire, Yseult, Chien noir, Janie ou Requin Chagrin, Barbara Rivage ou Bagarre. Mais Mythos, c’est aussi du théâtre avec une riche programmation dans les salles de la métropole. Ne ratez pas La Tendresse de Julie Berès, tout comme Les Possédés d’Illfurth, le récit hallucinant de Lionel Lingelser à L’Aire Libre. Au TNB, Sébastien Barrier présente Ceux qui vont mieux et Nicolas Petisoff, Parpaing. On retrouve, au Tambour, Mes Parents de Mohamed El Khatib, succès du festival TNB. Et Robins, du Grand Cerf Bleu, pose les bonnes questions sur notre société. Enfin, côté convivialité, il y a les Toqués de Mythos, parrainés cette année par le chef Éric Guérin.

Mythos, Rennes Métropole, 1er au 10 avril.


Embellir

Grive © Louis Canada

Sa superbe affiche, signée Yoann Buffeteau, ne dépareillerait pas en couverture d’un numéro de Kostar… (NDLR, en écrivant le texte, Matthieu Chauveau ne savait pas que Yoann Buffeteau habillait le Kostar #80). Festival discret mais défricheur (l’un n’empêche pas l’autre, bien au contraire), Les Embellies est depuis 24 éditions un événement à part. Parce qu’il fait plus que programmer, il accompagne. En plus d’une parfaite soirée rock indé le samedi à la salle de la Cité (Bantam Lyons pour le romantisme fiévreux, Stuffed Foxes pour la maîtrise noise, Grive pour la langueur électrique), deux créations estampillées Embellies investissent le Théâtre du Vieux Saint-Étienne. Amateurs de mélodies qui coulent de source, Ô Lake, le projet de Sylvain Texier ici augmenté du quatuor à cordes Elmire, devrait rassasier votre soif de néo-classicisme. Une préférence pour les sons malaxés, triturés, voire malmenés ? Ouvrez votre cœur au Tachycardie Ensemble, projet à géométrie variable emmené par le batteur Jean-Baptiste Geoffroy (Pneu, Binidu, La Colonie de Vacances), entouré de 10 musiciens croisant trompettes, violons, harpe, percussions et synthés...

Les embellies, Théâtre du vieux Saint-Étienne et salle de la cité, Rennes. Du 5 au 7 mai.


Variations en or

Kate NV © Arabeque

Le chef-d’œuvre ultime de la musique baroque (ou musique tout court) interprété par un jeune pianiste virtuose et incarné par une figure majeure de la danse contemporaine. Tout l’esprit (la rencontre du moderne et de l’ancien, d’une discipline et d’une autre) du bien nommé Variations semble tenir dans les Variations Goldberg de Bach version Pavel Kolesnikov et Anne Teresa De Keersmaeker, clou du festival qu’on ne présente plus, dédié au piano sous toutes ses formes. Et ce n’est pourtant qu’un début car, parmi la trentaine de spectacles programmés sur deux semaines, difficile de préférer telle proposition à telle autre. Si voir de véritables légendes est votre priorité, on vous conseille de vite réserver Meredith Monk ou Laurie Anderson (selon que l’acoustique ou l’électronique ait votre préférence). Si c’est de découvertes dont vous avez soif, orientez-vous vers l’ensemble I Giardini interprétant des œuvres de la nouvelle égérie de la musique contemporaine Caroline Shaw, ou vers la pop synthétique et bubblegum (mais malaxée avec une grande rigueur) de l’irrésistible Kate NV.

Variations, le lieu unique, Nantes, du 12 au 24 avril.


Techno toujours dansante

Boris Breja / DR

Qu’est-ce qui fait un anniversaire réussi ? La présence d’amis de longue date, évidemment, qui plus est quand ceux-ci partagent vos goûts (les musiques très actuelles) et une certaine philosophie de vie (la fête, mais bienveillante). Pour souffler ses 25 bougies, Panoramas profite du retour à des conditions normales (un vrai festival sur trois nuits complètes et un retour aux grands espaces du parc de Langolvas) pour mettre en avant des artistes qui sont intrinsèquement liés à son histoire. À commencer par Vitalic, musicien inscrit dans le cœur des Morlaisiens depuis sa première venue au festival en 2003. Encore invité l’an dernier sous l’alias Kompromat (en duo avec Rebeka Warrior), le revoici en solo pour présenter un plantureux double album avec un « show lumière » inédit. Plus radicale, la high tech minimale d’Ann Clue et de Boris Brejcha devrait rappeler, qu’en matière d’electro dense et profonde, la Deutsche Qualität reste inégalée. Et que si Techno toujours pareil est un bon tube des également très attendus Salut c’est cool, cette assertion est fausse. n

Panoramas, Morlaix, du 14 au 17 avril.


Atout femmes

Patricia Petibon © Bernard Martinez

Après deux années d’interruption, le Festival de l’Epau ne pouvait que mettre les petits plats dans les grands. Dans ce lieu magique pour un festival consacré à la musique classique, on retrouve en clôture Philippe Jaroussky dirigeant son ensemble Artaserse en compagnie de ses amis chanteurs Emöke Barath et Carlo Vistoli. Auparavant, Renaud Capuçon en compagnie du pianiste Guillaume Bellom. Un concert de Patricia Petibon, un autre réunissant la violoncelliste Anne Gastinel et la pianiste Claire Désert. Parmi les découvertes, la soprano Cyrielle Ndjiki Nya, Manon Galy au violon, Jeanne Gérard, soprano révélation des Victoires de la Musique 2021. Sans oublier le programme Bach Mirror qui réunit Thomas Enco au piano et Vassilena Serafimova (marimba) pour faire le pont entre le classique et la modernité. n

Festival de l’Epau, Abbaye de l’Epau, Le Mans, du 17 au 24 mai.


Ne pas se tromper


Laylow © Ilyes Griyeb

Mais qui sont les 3 Éléphants qui donnent leur nom au festival mayennais depuis déjà un quart de siècle ? Une référence à 3 artistes qui chaque année arrivent avec leurs gros sabots sur les scènes de la Place de Hercé ? Si oui, alors on les a reconnus pour cette édition 2022 : NTO et son electro tellement planante qu’elle nous passe au-dessus de la tête, La Zarra et sa pop commerciale semblant taillée sur mesure pour les magasins de prêt-à-porter (Zara ?), Guy2Bezbar et son rap bad boy qu’on jurerait parodique et puis finalement non. Mais ces trois têtes d’affiche dispensables ne sauraient faire de l’ombre au reste du troupeau car les 3 Éléphants réserve une programmation par ailleurs très alléchante, qu’on soit amateur de chanson française chic et pop (la reine Juliette Armanet, le prince Malik Djoudi…), de sonorités anglo-saxonnes novatrices (les espoirs post-punk English Teacher, les chefs de file du revival krautrock Suuns) ou de rap qui buzz sur TikTok (l’épatant Laylow au flow mélancolique et aux prods cinématographiques).

Les 3 Éléphants, Laval, du 18 au 22 mai.


Fait main

Paula Temple © Julia Gunther

En seulement 4 éditions, Made s’est imposé comme un événement incontournable de la capitale bretonne : made in Rennes et composé de matières 100 % synthétiques (electro oblige) mais pas moins authentiques. Les plus belles pièces de cette 5e collection ? Elles sont évidemment à chercher du côté du Parc des expositions avec une soirée du samedi où s’enchaînent les têtes d’affiche : de l’Anglaise Paula Temple (techno industrielle) pour ceux qui ne souffrent pas d’acouphènes à l’Allemand Rødhåd (techno tout court) pour ceux qui acceptent une pointe de mélancolie sur le dancefloor en passant par le Français Kiddy Smile (house old school) pour ceux qui aiment danser avec un large sourire. Le même samedi dans l’après-midi, Made rappelle qu’il est aussi fait pour les familles avec une programmation plus grand public au parc des Gayeulles. À deux pas des aires de jeux, elles pourront y découvrir aussi bien l’electro italo-hédoniste d’Infravision que le set surprise du DJ local qui aura remporté le tremplin organisé par le festival.

Made, Rennes, du 19 au 21 mai.


Du grand Art

Phoenix © Shervin Lainez

C’est un sacré coup que réalise Art Rock avec, en exclusivité mondiale, le retour de Phoenix pour une nouvelle tournée annonciatrice – peut-être – d’un album dans l’année. En 6 disques, le groupe que le monde entier nous envie (et qui fut longtemps boudé ici) a empilé la plus belle collection de pop songs qui soit, matière à des shows chaque année plus grandioses. Une pente ascendante que pourraient bien suivre Clara Luciani et Juliette Armanet, attendues pour défendre deux nouveaux albums faits du même bois (ou du même formica) disco. Mais à 39 ans (l’âge du festival), il est aussi permis d’être nostalgique. Par exemple des Libertines années 2000 avec le retour d’un Pete Doherty méconnaissable (physiquement et musicalement) accompagné par l’essentiel Frédéric Lo (Daniel Darc). Ou encore des grungy années 1990 avec l’ex-Sonic Youth, Kim Gordon, toujours pas assagie à 60 ans passés. Ou enfin des si fondatrices années 1960 avec l’éternellement touchante Jane Birkin.

Art Rock, Saint-Brieuc, du 3 au 5 juin.


Puissance de la littérature

Mohamed Mbougar Sarr © Antoine Tempé

Trois ans plus tard, les lecteurs se retrouvent à Saint-Malo pour une édition du festival Étonnants Voyageurs placé sous le signe des retrouvailles. Après deux ans d’abstinence, le festival n’aura aucun mal à réunir 150 invités (écrivains, dessinateurs, photographes, musiciens, cinéastes) qui ne manqueront pas de rappeler le rôle que la littérature et la création artistique peuvent jouer face aux mutations de nos sociétés. Si l’Ukraine et la guerre seront bien évidemment au centre des préoccupations et des débats, un focus est consacré aux écrivains tunisiens. Le programme n’est pas encore disponible à l’heure du bouclage, on sait néanmoins que Mohamed Mbougar Sarr, le remarquable Prix Goncourt pour La plus secrète mémoire des hommes sera au rendez-vous, lui qui salue régulièrement le soutien que lui a témoigné Étonnants Voyageurs depuis ses premiers écrits.

Étonnants Voyageurs, Saint-Malo, du 4 au 6 juin.


Du metal et des roses

Scorpions © Ian Laidlaw

On va pas se mentir. Le métal, ça n’a jamais été le truc de Kostar. Mais est-ce que cette musique qui s’auto-définit « extrême » a déjà été défendue par des médias autres que spécialisés ? Pas à notre connaissance. Plutôt que de tenter des définitions hasardeuses du grindcore ou du doom, on va donc s’en tenir aux faits. Ce n’est pas une petite pandémie qui risque de faire une quelconque égratignure à un festival qui depuis toujours programme des groupes qui annoncent la fin du monde... En 2022, le Hellfest est donc plus énorme que jamais : organisé sur deux longs week-ends, occupant 6 scènes et invitant 350 artistes, avec même quelques noms qui parleront aux profanes. Par exemple, les Allemands de Scorpions ou les Américains de Guns N' Roses, il est vrai plus connus du grand public pour leur poignée de ballades que pour 99 % de leur discographie. Viendrez-vous – entre deux pogos – danser le slow à Clisson sur Wind of Change ou Knockin' on Heaven's Door ?

Hellfest, Clisson, du 17 au 26 juin.

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