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Jean-Paul Sidolle : dans l’œil du gardien de musée

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Texte / Christophe Cesbron * Photo / Yohanne Lamoulère/Tendance Floue Publié dans le magazine Kostar n°82 - octobre-novembre 2022


Gardien pendant plus de 30 ans au Musée des beaux-arts de Nantes, Jean-Paul Sidolle brûle aujourd’hui les planches, incarnant par une présence incroyable son propre rôle dans Gardien Party, le dernier projet de Mohamed El Khatib et Valérie Mréjen.


« J’ai été contacté en 2020 par Valérie Mréjen. Elle avait entendu parler de moi par deux amies communes. » Valérie Mréjen et Mohamed El Khatib travaillaient alors autour d’un projet de spectacle mettant en scène des gardiens de musée. « On s’est vu plusieurs fois à Nantes, dans des cafés, et, là, ils m’ont questionné sur ma vie de gardien. » Ceux qui ont connu le Musée des beaux-arts avant la restauration se souviennent de Jean-Paul, à l’accueil ou dans les salles. Élégant, souriant, distillant avec humour conseils et plaisanteries, n’hésitant pas à entamer la conversation. Il était comme un passeur, celui qui vous reçoit pour vous faire entrer dans l’espace feutré, un brin “théâtral” qu’était le musée.

Valérie Mréjen et Mohamed El Khatib ont rencontré des centaines de gardiens dans beaucoup de musées du monde, se sont intéressés à leur vie, leur métier, retranscrivant leurs paroles, tissant un texte où les langues, les corps, recherchent avec justesse, humour, à éclairer leur réel. Peu valorisés, voire déconsidérés, menant un travail parfois terriblement ennuyeux dans des lieux magnifiques, les gardiens peuvent paraître transparents pour des publics pas toujours sympathiques…


Jean-Paul a toujours dansé, dans sa vie, au ballet, au musée, dans sa parole, dans son rire…

De toutes ces rencontres, ils ont retenu six gardiens pour jouer leur rôle dont Jean-Paul qui conclut le spectacle par un long monologue d’une belle densité. Il a dû se confronter au travail de comédien, mémoriser, trouver sa place sur scène, réfréner son emphase méridionale… « En même temps, j’étais armé. J’ai commencé comme danseur de ballet classique à l’opéra et je me suis brisé le tendon d’Achille. On m’a proposé de travailler au musée. Quand j’ai vu les parquets, j’ai tout de suite su que ça m’allait, c’était comme dans une salle de répétition. » Jean-Paul a toujours dansé, dans sa vie, au ballet, au musée, dans sa parole, dans son rire… Et là, sur scène, il rayonne, avec les autres gardiens, portant le réel d’un métier au-delà du spectacle : c’est beau, vrai, drôle, poétique, philosophique et forcément politique.

Gardien Party, Le Grand T au Musée d’arts, Nantes, du 23 au 26 novembre.

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