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Eloïse Rabaté, grand écrin



Texte / Benjamin Rullier * Portrait / © Morgan Richard


Eloïse Rabaté marque un temps de pause. En peignant des scènes de films, l’artiste angevine offre un nouveau regard sur des espaces en suspens qu’elle ouvre à l’imaginaire des spectateurs.


Enveloppée dès l’enfance dans un environnement artistique, Eloïse Rabaté se souvient avoir toujours peint, dessiné. Mais jeune adulte, c’est le septième art qu’elle suit jusqu’à Aix-en-Provence. Elle y consacre un mémoire sur William Friedkin, père de L’Exorciste, avant de revenir en Anjou en 2020. Un confinement pendant lequel « le cinéma m’a servi de fenêtre vers l’extérieur ». Entre deux films, Eloïse reprend la peinture et fait naître Photogrammes. « J’ai commencé à collectionner énormément de captures d’écran de films policiers, de films d’horreur. Maintenant, je les réinterprète. » Avec la brillance de l’acrylique, elle fixe ces scènes sur le papier, laissant pour seul marqueur de l'œuvre originale le minutage de la séquence. On s’arrête dans des chambres de motel désordonnées, sur des silhouettes fantomatiques assises au bord d’un lit ou au milieu de scènes de western qui se reflètent dans des TV cathodiques : « ces plans qui passent inaperçus dans le flux des images et à qui je donne une vie ».   


Eloïse peint tout le temps et a du mal à s'arrêter.   

Eloïse compose avec la lumière, les couleurs et fait naître des tableaux qui, comme Wim Wenders disait d’Edward Hopper, « nous obligent à nous projeter au-delà : Qu'est-ce qui s'est passé avant ? Que va-t-il se passer après ? » Mais si la filiation du peintre américain ne lui déplaît pas, c’est plutôt du côté des paysages photographiques de Stephen Shore qu’elle s’échappe. Et puis par les films, toujours. Elle confie regarder Le Parrain au moins une fois par an et lui a même consacré un de ses mini fanzines. Car Eloïse peint tout le temps et a du mal à s'arrêter.   

Quand quelques-unes de ses centaines d'œuvres sortent de sa chambre d’ado transformée en atelier, c’est pour s’exposer. En fin d’année, elle s’installe au Grain perché avec l’artiste Chloé Saugez qui présentera notamment un travail chromatique autour des pigeons. Mais l’ornithophobe qu’est Eloïse Rabaté, consciente d’avoir vu Les Oiseaux d’Hitchcock trop jeune, ne s’en plaint pas. Elle s’empresse même de retourner finir les peintures qui couvriront l’espace jusqu’au 28 décembre, proposant une nouvelle fois aux spectateurs « de devenir scénaristes de ces images ». 


Exposition, Le Grain Perché, Angers, 10 septembre au 28 décembre.




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