Carte blanche à Nicolas Barreau et Jules Charbonnet : V.A.S.E

installation V.A.S.E au musée des beaux arts de Vannes. © Barreau Charbonnet

Texte / Christophe Cesbron * Portrait / Photos © Barreau & Charbonnet Publié dans le magazine Kostar n°85 - avril-mai 2023

Leur actualité est dense : réhabilitation de la Bibliothèque Universitaire de Lettres du Campus du Petit Port à Nantes, installation monumentale au festival international des jardins des Hortillonnages d'Amiens, exposition à la Maison de l'architecture (Nantes, cet été) et projet V.A.S.E pour le Musée des beaux-arts de Vannes.

Designers par définition et par formation, même si on aurait vite fait de les classer du côté des architectes ou des artistes, Nicolas Barreau et Jules Charbonnet sont toujours attentifs aux territoires et aux contextes. Ils développent, dans chacun de leur projet, une approche expérimentale, drôle, humaniste, vernaculaire, avec un élan poétique, un brin déjanté, toujours intelligent. Leur projet V.A.S.E pour le Musée des beaux-arts de Vannes part d’une observation de terrain : un tiers de la surface du golfe du Morbihan est constitué de vase. L’idée va être d’utiliser ce matériau bio-sourcé pour en faire des briques et des bardeaux qui participent à la construction de deux architectures rêveuses, tours incertaines comme des phares sombres, porteurs d’histoires sédimenteuses, que le visiteur est amené à traverser, vivre. « À l’heure du tout, tout de suite, nous souhaitons mettre en place des techniques pertinentes et adaptées à la ressource, non polluantes, ni gaspilleuses en énergie. Ainsi nous ne prétendons pas inventer de protocole technique, mais souhaitons nous inspirer des techniques d’hier, en particulier du travail de la terre crue, matière de nos patrimoines oubliés du 20e siècle. » Pour Barreau et Chardonnet, tout est une affaire de cycle et de temps : d’abord molle, fluide, visqueuse, puis fibrée, moulée, compressée, séchée, la vase devient brique, bardeau, matériau de construction, architecture, avant de s’émietter, s’éroder, redevenir poussière et sédiment… Dans un sens comme dans l’autre la métamorphose est fascinante, à l’image d’un monde en lent et perpétuel recommencement.

V.A.S.E. La Cohue, Musée des Beaux-arts, Vannes, 1er avril au 31 décembre.