Carla Pallone, la force sensible

Texte / Julie Haméon * Photo / © Vincent Pouplard Publié dans le magazine Kostar n°89 - février-mars 2024

Violoniste, multi-instrumentiste, compositrice pour le cinéma, le théâtre ou encore le podcast, Carla Pallone a l'art de créer de véritables paysages sonores. Elle déborde de vitalité et d’actualité.

« Vingt ans ensemble, c'est génial ! Il y une forme d'émancipation à affirmer chacune nos identités à présent », partage Carla Pallone. Moitié de feu-Mansfield.TYA, la musicienne est en effet bien plus que cela. Après un final grandiose dans un Olympia complet fin 2022, elle change de décor et retrouve le chemin du studio. Car performeuse talentueuse elle est, mais ce qu'elle affectionne tout particulièrement, c'est la composition. « Si je pouvais composer tout le temps, je le ferai », confie-t-elle, tout en se prémunissant de « devenir une usine à mélodies ».   Alors ses projets, elle les choisit avec attention. Récemment, elle réalise la musique de la série podcast The retrievals, produite par The New York Times. Compositrice pour le cinéma, elle a signé la bande originale d'une dizaine de courts et longs-métrages parmi lesquels La fille au bracelet de Stéphane Demoustier, Libre Garance de Lisa Diaz (présenté à Cannes en 2022), ou encore le remarqué Midnight Skin, court-métrage de Manolis Mavris. Des bandes originales qui poursuivent leur vie parallèle, en écoute sur les plateformes et parfois en support physique (un 45 tours pour Libre Garance et un vinyle à sortir chez kythibong en mars prochain pour Midnight Skin). La musicienne compose aussi pour le théâtre, collaborant notamment avec Matthieu Cruciani et le CDN de Colmar sur une mise en scène de Phèdre de Racine.

 Une couleur musicale entremêlant acoustique et analogique, matières organiques et sons électroniques, parsemés de nappes vocales divines.

« Je les aborde comme un nouveau groupe à chaque fois, avec le ou la réalisatrice ou metteur en scène et le projet : il y un enjeu de traduction à trouver le son du film, de la pièce. »   Artiste polymorphe, elle poursuit la scène, accompagnant tantôt Shannon Wright, Rone, Stranded Horse ou Matt Elliott, se produisant au sein du trio Vacarme et collaborant avec des autrices pour des lectures musicales. Au centre de ses compositions, le violon, dont elle nous livre une approche aussi musicale que viscérale, cherchant « à en faire entendre ce que l'on n’entend pas forcément », jouant avec toutes les parties de l'instrument. De formation classique et spécialiste en musique ancienne, Carla Pallone fait ses classes en musiques actuelles, ce qui rend si reconnaissable sa couleur musicale entremêlant acoustique et analogique, matières organiques et sons électroniques, parsemés de nappes vocales divines. À l'image de sa musique, Carla Pallone dégage cette force tranquille qui assume sa sensibilité et revendique son attention à proposer plutôt qu'imposer, se livrant avec humilité et sincérité.   

Carla Pallone x 3 à la Soufflerie, Rezé (le 22 mars : ciné-concert Racleurs d’océans et projection de courts-métrages dont elle a composé la musique. Le 18 avril : concert Vacarme + Mai : une promenade sonore).

Le 28 mars : lecture-concert avec Natyot au Musée d'arts de Nantes (part. Maison de la poésie), puis le 4 avril à la Médiathèque Étienne Caux, Saint-Nazaire.