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Atelier blam, l’enjeu olympique


Texte / Christophe Cesbron * Photos / © Lisa Brun-Lamotte _ Atelier blam


Leur nom sonne comme un joyeux coup de marteau sur l’enclume. La cérémonie d’ouverture des JO 2024 les a mis en lumière. Atelier blam a créé la vasque et le cheval courant sur la Seine. Depuis leurs locaux de Couëron, près de Nantes, l’équipe mène un travail pointu de recherche, de conception, de réalisation à la croisée du design et de l’architecture.


Aurelien meyer, créateur de l'Atelier blam © JC Quefelec

Créé en 2015, Atelier blam réunit une équipe d’architectes, designers, ingénieurs, ferronniers, spécialisés dans la conception et la réalisation de prototypes, objets, espaces, dispositifs mécaniques et artistiques complexes. Ils ont travaillé avec les frères Bouroullec, Dominique Perrault, Kengo Kuma, Bruno Peinado et adorent être confrontés à des problématiques qui demandent des réponses pointues, innovantes, créatives. C’est ce passage de l’idée à la concrétisation formelle qui porte l’Atelier blam et dans lequel il excelle.   


Genèse d'une vocation

Aurélien Meyer, le créateur d’Atelier blam est le fils d’un menuisier. « Il y a cet héritage familial. Mon père m’a transmis beaucoup de choses et en particulier cet amour des outils, de la fabrication. Son atelier était collé à la maison et j’ai souvenir de la porte entre les deux qui parfois s’ouvrait pour laisser dépasser une planche en cours de travail. » Adolescent, il prend son solex, visite les artistes de sa région qui le poussent et ouvrent sa curiosité vers l’art contemporain. Il entre aux Beaux-Arts de Quimper puis intègre l’école des beaux-arts de Nantes dont il sort diplômé en 2004. À Quimper, un enseignant lui parle des frères Bouroullec, trouvant une proximité formelle avec son travail. À Nantes, Robert Fleck l’envoie avec Mircea Cantor à la Biennale de Venise. « Ça m’a ouvert des horizons, je découvrais un monde bouleversant, j’entrevoyais ce que pouvait être mon avenir. Moi, j’étais un étudiant boursier. Il fallait avoir un certain sens de la démerde pour vivre. J’ai pu travailler dans l’atelier de mon père et fabriquer des pièces pour des artistes et pour des espaces culturels. J’aimais me confronter au réel, c’était aussi une façon de me professionnaliser. » En 2011, il rencontre Ronan Bouroullec et commence avec lui une collaboration qui perdure. « Il y a entre nous une belle fidélité. Il m’a soutenu dès le début, ça m’a permis d’avancer. On se comprend. Il y a une belle convergence entre nos deux univers. »  



L'aventure JO

Première épreuve : la vasque

Pour l’ouverture des Jeux Olympiques de Paris, EDF, partenaire Premium de l’événement, cherche une solution pour développer une flamme olympique fonctionnant avec une énergie décarbonée et lance un appel d’offres. Atelier blam y répond et est sélectionné, élaborant un dispositif qui conjugue brumisation, lumières led et flux d’air. « La demande initiale était de concevoir un chaudron de 2,5  mètres de diamètre. Le designer Matthieu Lehanneur va lui donner cette forme géniale et très simple qui va s’élever dans le ciel de Paris. Matthieu reconnaît notre capacité à pouvoir répondre aux exigences techniques et esthétiques du projet. Le dialogue fonctionne et est particulièrement motivant ». C’est plus de vingt mois de travail, de tâtonnements, d’expérimentations. Les derniers essais ont lieu à Couëron, sur le petit héliport des anciennes usines Venturi où Atelier blam possède un de ses ateliers. Une grue soulève la vasque qui semble flamboyer à 60 mètres de hauteur. « L’émotion est incroyable quand je la vois s’allumer et s’élever. La délégation EDF est là, Tony Estanguet, des représentants de Paris 2024. C’est juste génial, bluffant, puissant. Cette vasque en suspension invoque quelque chose qui nous dépasse, comme une magie archaïque. C’est à la fois simple et très sophistiqué. » Les pompiers de Couëron, pensant qu’un grand pylône électrique est en train de partir en flamme, débarquent… « On comprend que l’objet est habité et que la greffe avec le ballon va fonctionner. »   




Deuxième épreuve : Zeus

En mai 2023, lors de la présentation des premiers prototypes de la vasque, Paris 2024 nous propose de créer le cheval. « Thomas Jolly avait cette idée d’un cheval au galop sur la Seine. C’était fou. Atelier blam en porte la création. On signe l’esthétique, on est auteur. C’est avant tout un travail de sculpteur et de designer. Je voulais que l’objet soit beau et qu’il saisisse les caméras. Il fallait que tout l’aspect technique se fasse discret. »   

Comment donner corps à cette vision. Toute l’équipe s’y est mise, cherchant, testant, maquettant. C’est un travail d’horlogerie mettant en jeu tous leurs savoirs-faire. C’est à la fois complexe et stimulant. Il faut trouver les équilibres entre l’esthétique et la technique, entre la feuille d’argent et les masses, entre l’éclat et les portances, la vitesse de déplacement et la sculpture contemporaine, les résistances de l’eau, la visibilité du cheval et l’invisibilité du trimaran et du mécanisme de propulsion, l’articulation des mouvements… L’enjeu est colossal, olympique à la mesure de l’événement. Et le soir de l’ouverture, c’est comme une apparition, presque fantomatique, galopante, éperdue, magique… « Ça a été un moment de joie collective, une énorme fierté pour l’Atelier, mais aussi, je crois, pour tous les gens qui l’ont vu. »  



 

Et maintenant ?

« Ce n’est pas encore entièrement terminé. (NDLR : L'interview a eu lieu début septembre) Il y a la fête du 14 septembre. La vasque va rester à Paris. Le cheval mécanique est présenté dans la cour de l’Hôtel de ville. Il nous faut garder une certaine vigilance et travailler sur les projets en cours. »    Parmi ces prochains projets, on peut citer la boutique Louis Vuitton conçue avec Marc Fornes à Londres, la réalisation d’un lustre avec Ronan Bouroullec, la participation au millénaire de Caen avec Paf atelier.  

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