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Alexis Michalik, interview recto/verso



Texte / Patrick Thibault * Photos / © Tangui Jossic pour Kostar Publié dans le magazine Kostar n°89 - février-mars 2024


Interview recto


Comédien, auteur, metteur en scène, réalisateur, écrivain, c’est beaucoup ? 

Vous avez oublié scénariste ! C’est moins fatigant qu’un travail de bureau de 8h à 20h. Je suis maître de mon temps, j’ai beaucoup de temps libre.


Il y a vraiment du temps libre dans votre vie ? 

J’ai la chance de pouvoir décider si je veux écrire une pièce, faire l’acteur, partir un mois ou deux. Je n’ai aucune contrainte familiale, je jouis d’une grande liberté.


Meilleur auteur et metteur en scène pour Le Porteur d’histoire, Le Cercle des illusionnistes et Edmond, ça positionne ? 

C’est la cerise sur le gâteau mais pas ce qui fait manger. Le plus important, c’est que les salles soient pleines et que le public soit content.


Comment définir le style Alexis Michalik auteur ? 

Là où le théâtre a une image élitiste, je veux faire du populaire exigeant. Je puise dans les séries, films et BD. Le public apprécie qu’on lui raconte une histoire comme dans une série.


Porteur d’histoire ou d’émotion ? 

On est tous au service de l’histoire. Alors, si on raconte bien, si les acteurs sont au rendez-vous, l’émotion vient de l’empathie.

Où êtes-vous à l’affiche en ce moment ? 

À Paris avec Edmond, Une histoire d’amour, Intra-muros et mon nouveau spectacle Passeport. À Lyon, avec Intra-Muros. En tournée. À l’étranger, un peu partout.

À Nantes, vous présentez Intra-Muros…  

Une pièce qui parle de la prison mais aussi de nos propres barrières et de ce qui fait qu’on cherche perpétuellement notre liberté. Une pièce qui fait rire et émeut.


Un spectacle plus social ?  

Plus contemporain, après une trilogie qui tourne autour du XIXe, puis Une histoire d’amour. Il y a toujours ce côté romanesque, je ne fais pas un théâtre militant. 


Pourquoi autant de succès ? 

Le théâtre est un lieu privilégié. Contrairement à la série, on n’a pas de concurrence avec les Américains, on éteint son téléphone, on est obligé de communier, écouter, vibrer.


Avez-vous une recette du succès ?  

Bien sûr que non ! Tout ce qui est original, on finit par s’en lasser. Je me planterai sûrement mais je vais essayer d’aller là où on ne m’attend pas. 




Interview verso


Vous avez une tête de premier de la classe, étiez-vous bon élève ?  

Je l’étais. Un peu tête à claques mais je n’étais pas détesté car j’ai toujours eu besoin d’une troupe, d’une bande de potes. Je n’aime pas la solitude. Après l’écriture, j’ai besoin de partager le succès, comme les mauvaises choses.


Qui vous inspire ?   

Plein de gens. Les réalisateurs et metteurs en scène plus que les acteurs. Les entrepreneurs, ceux qui disent “on va faire quelque chose”.


Votre Molière préféré ?   

Le premier. Ma plus grande émotion a été celui de ma comédienne dans le Cercle des illusionnistes. Ce n’était donc pas tout à fait le mien. Et le dernier pour la comédie musicale.


Et la pièce de Molière ?   

Je ne suis pas très Molière. Mais si je dois sortir une pièce, disons Le Bourgeois. Toutes ces problématiques bourgeoises me touchent moins qu’un Shakespeare.


Votre principale qualité ?   

Ma capacité à bien m’entourer, bien choisir, savoir fédérer. Je sais très bien organiser les anniversaires et c’est une très bonne école.


Un défaut ?   

Je ne sais pas cuisiner mais on s’en fout. Je suis impatient. Au travail, c’est comme dans ma vie, je suis toujours en train de chercher l’aventure suivante. 


Le théâtre public est-il fâché avec vous ?   

Non, pas du tout. En tout cas, moi, je ne suis pas fâché avec lui. Un jour peut-être si une occasion se présente, ça sera sans polémique.


Ne devenez-vous pas une multi-“nationale” du théâtre ?  

Parce que j’essaie de m’adresser au plus grand nombre ? Je me vois plus comme un entrepreneur. Tant qu’il y a du public, on joue. Je n’ai pas l’impression de trahir le théâtre en faisant un succès.


On connaît tous l’histoire de votre rupture douloureuse, est-ce que ça va ?   

Ouais, ça va !  


Intra-Muros Jusqu’au 31 mai, Théâtre 100 Noms, Nantes.

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